Au détour d'un couloir... [PV Fraus]

Elizabeth portait encore son espèce de pyjama d'hôpital, un peu fatiguée par les exercices de rééducation. Ses mouvements restaient fluides, bien qu'elle perdait petit à petit la notion des mesures. C'étaient les premiers symptômes de la maladie, mais il semblerait qu'elle évolue lentement dans son cas... Le traitement provisoire devrait, en plus, aider à ralentir le processus, ce qui était une bonne chose, pour le moment. Malheureusement, la jeune fille savait parfaitement que la maladie ne tarderait pas à affecter de plus en plus son petit corps, d'autant plus qu'elle s'est déclanchée très tôt par rapport à d'autres personnes atteintes...

Elle secoua la tête. Ce n'était pas le moment de penser à ça. Les jambes un peu tremblantes, elle se dirigea vers son fauteuil roulant et s'y laissa tomber comme une poupée de chiffon. Mine de rien, chaque exercice était fatiguant, et le fait qu'elle soit la plus jeune du service n'arrangeait pas les choses. La plupart des autres personnes présentes étaient beaucoup plus âgées, et quelque part, ça la rendait mal à l'aise... Leurs gémissements de douleur, leurs toussotements, voir leur frêles carrures se raccrocher désespérément aux appareils de rééducation lui donnait l'impression d'être... Vieille. Ce qui était assez ironique, étant donné que jamais elle ne le deviendrait probablement jamais !

Oh, voilà qu'elle recommençait à avoir les idées noir. Liz se redressa sur son siège et essaya de chasser les ondes négatives qui embrumaient son esprit. Elle était trop jeune, beaucoup trop jeune pour penser de cette manière ! Une boisson fraîche lui ferait du bien, oui. Et il faisait frais en bas, c'était une bonne idée !

En veillant à rester sur le côté, la petite fit avancer son fauteuil vers le distributeur du rez-de-chaussée. Par chance, il n'y avait pas grand monde devant, elle se posta donc en face. Une chose était sûre, elle ne manquait pas de choix ! Elle opta pour un thé glacé, mais elle se rendit compte qu'elle avait oublié un détail important : de la monnaie. Mais quelle idiote ! Elle se frappa le front. Comment avait-elle pu oublier ?!

★

L’hôpital n’était pas un endroit inconnu de Shams, loin de là. Puisque son lycée se situait tout près, c’était généralement à elle qu’incombait la tâche d’y apporter tout objet oublié à la maison par son père, et c’était cette fois ses clés que Dariush Zahedi avait oublié avant de partir au travail le matin même.

Les portes automatiques se refermèrent derrière elle avec leur habituel chuintement feutré, et elle sentit la fraîcheur l’entourer alors qu’elle s’avançait à l’intérieur. Eté comme hiver, la température de l’édifice ne changeait jamais, un peu comme si l’endroit était coupé du monde : une constante bienvenue dans un monde perpétuellement changeant.

Avec le temps, elle avait parfaitement mémorisé le trajet jusqu’au bureau de son père, si bien qu’elle l’accomplissait généralement en ayant la tête ailleurs. Cependant, elle fut brutalement sortie de sa rêverie en trouvant porte close : son père était manifestement en consultation ou réunion quelque part dans l’hôpital, et elle n’avait aucune idée où. Heureusement, un des médecins qui l’avait déjà vue passer voir son père lui indiqua qu’il serait de retour dans une quarantaine de minutes. Elle décida donc d’aller se chercher une boisson et de se poser dans une salle d’attente : s’il fallait patienter, autant que ce soit confortablement installée.

Il n’y avait pas grand monde autour du distributeur, en fait une seule personne s’y trouvait, une jeune fille en fauteuil roulant qui parut hésiter au moment de sélectionner sa boisson avant de se frapper le front, ce qui intrigua Shams. Avait-elle oublié son argent ? En un geste qui la surprit elle-même, elle avança la main et tapota doucement l’épaule de la fille pour attirer son attention.

« Excusez-moi, est-ce que vous avez oublié de prendre de l’argent ? »

Quelqu'un posa une main sur les frêles épaules de la jeune fille. Sursautant un peu, elle se retrouva face à une jeune femme aux yeux bleus et au teint mat, qui n'avait pas l'air méchante. Liz poussa immédiatement un soupir de soulagement.

« Excusez-moi, est-ce que vous avez oublié de prendre de l’argent ? »

Oh, quelqu'un l'avait remarqué alors... La petite avait une furieuse envie de se re-claquer le front, imaginant à quel point elle avait du paraître stupide, et rougit de sa situation.

« Hm... Oui... Je suis désolée, je vais vous laisser la place, le temps que j'aille chercher de la monnaie ! »

Confuse, elle baissa la tête plusieurs fois pour montrer qu'elle était désolée, puis s'apprêta à remonter en haut. Pour cela, il allait falloir qu'elle prenne l’ascenseur, qui était généralement bondé par plusieurs personnes, handicapées ou pas. Rien que d'y penser, ça la fatiguait. Elle était toujours embarrassée de prendre l’ascenseur, parce que son fauteuil prenait pas mal de place, et elle se sentait mal de toujours sentir les regards des gens se poser sur elle, qui envahissait tellement l'espace du petit ascenseur. En faisant bouger la petite manette située sur son fauteuil, elle recula un peu en veillant ne pas bousculer la demoiselle, puis se dirigea vers l’ascenseur.

★

Shams resta un instant muette devant la réaction de la fille, qui reculait déjà et se dirigeait vers les ascenseurs. Un instant elle fut tentée de la laisser faire, de ne pas dissiper le malentendu. Oui, c'était plus simple, il n'y aurait pas à s'expliquer, ni à s’embarrasser. Mais la jeune fille avait l'air si désolée... si elle ne faisait rien, sa tentative de générosité resterait dans son esprit comme le souvenir honteux d'avoir oublié son argent.

En deux grandes enjambées, elle fut à nouveau au niveau du fauteuil et posa la main sur l'accoudoir pour attirer l'attention de son occupante, tout en veillant à ne pas toucher son bras. La jeune fille avait tressailli quand elle lui avait touché l'épaule, et elle ne voulait pas lui faire peur : peut-être n'aimait-elle pas que les étrangers soient trop familiers avec elle ? Une attitude tout à fait compréhensible.

"Non, non, je ne voulais pas dire ça ! Je voulais vous proposer de, euh, enfin, si vous le voulez, de vous offrir une boisson, comme ça vous n'avez pas à retourner chercher de l'argent, et puis vous aviez l'air tellement désolée d'avoir oublié votre monnaie... enfin, euh, c'est seulement si vous êtes d'accord, je ne veux pas vous forcer à accepter"

Essoufflée par sa tirade, elle prit une grande respiration, puis fixa la jeune fille.

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle ne s'attendait pas à ce que la jeune fille de tout à l'heure la rattrape ! Est-ce qu'elle ne lui avait pas barré le passage devant le distributeur ? C'était pour ça qu'elle l'avait abordé en premier lieu non ? Alors pourquoi l'avait-elle rattrapée ?

En entendant le flot de parole de la jeune fille, la blondinette resta un instant sans voix, comme pour décomposer dans sa tête chaque mots pour former quelque chose de compréhensible. Puis elle éclata de rire doucement, camouflant son sourire derrière sa petite main pour ne pas paraître trop malpolie devant la demoiselle essoufflée.

« Pardon, j'avais mal compris ! Hm, dans ce cas, je veux bien, si ça ne te dérange pas... C'est très gentil, merci ! »

Ça lui paraîtrait impoli de refuser une invitation pareille, d'autant plus qu'elle a du la mettre mal à l'aise en se méprenant sur son intention... Liz sourit à l'inconnue et lui tendit la main pour se présenter.

« Je m'appelle Elizabeth, mais tu peux m'appeler Liz, ça va plus vite ! Et je pense qu'on peut se tutoyer, on ne doit pas avoir tant d'années de différence que ça ! »

La petite avait tendance à vouvoyer les plus âgés et les inconnus, mais dès qu'il s'agissait de discuter, elle pouvait passer au tutoiement sans prévenir, peu importe l'âge. Elle préféra prévenir la demoiselle, en espérant qu'elle ne le prenne pas mal.

Un instant s'écoula en silence, et Shams crut que la jeune fille allait fuir ou s'indigner, mais celle ci se mit au contraire à rire doucement, l'air nullement contrariée, et accepta son offre en la remerciant. Elle lui donna également son nom, Elizabeth, et l'invita à la tutoyer, ce qui détendit Shams immédiatement. Il était vrai qu'elles n'avaient que peu d'années d'écart, et ça lui aurait donc fait bizarre de la vouvoyer.

Voyant qu'Elizabeth lui tendait la main, elle la serra et lui sourit en retour. Elle était heureuse de pouvoir discuter avec quelqu'un plutôt que de passer 40 minutes assise sur une chaise à relire des magazines vieux de deux ans, ce qui lui était déjà arrivé pas mal de fois.

"Enchantée de faire ta connaissance, Liz. Je m'appelle Shams."

Elle se tourna un instant vers la machine pour y insérer quelques pièces, puis refit face à sa nouvelle connaissance.

"Alors, qu'est-ce que tu voudrais boire ?"

Shams... Elle aimait bien ce prénom. Ça lui évoquait les dunes du désert, le sable chaud, l'Orient... Des choses et des merveilles qu'elle n'a eut l'occasion de voir qu'à la télé ou dans les livres, mais qu'elle aurait aimé connaître. Peut-être qu'elle pouvait lui parler de ses origines ?

"J'aimerai bien du thé glacé s'il te plait !"

Ça ne valait sûrement pas le thé de son anglaise de mère, mais ça avait le mérite de rafraîchir er d'être sucré !

"Hm, Shams, je ne veux pas paraître indiscrète mais... Qu'est-ce que tu es venue faire ici ? Enfin, je veux dire... J'espère que tu n'avais pas rendez-vous ?"

Si c'était le cas, il ne fallait pas qu'elle perde son temps à l'aider ! Si ça se trouve, elle avait une maladie grave, ou alors peut-être qu'un de ses proches étaient à l'hôpital ? Elizabeth était touchée par l'attention que lui portait Shams, mais il devait sûrement y avoir une raison à sa visite ici, non ? Et une visite à l'hôpital n'est jamais à prendre à la légère...

★

Shams appuya sur quelques touches, et récupéra les deux canettes de thé glacé (un excellent choix, d'après elle, parfait pour se rafraîchir lors des grandes chaleurs) lorsqu'elles tombèrent dans le bas de la machine avec leur "CLANG" habituel. Elle en tendit une à Liz, ouvrit la sienne et en aurait bu une gorgée si la jeune fille ne lui avait pas posé une question.

"Hm, Shams, je ne veux pas paraître indiscrète mais... Qu'est-ce que tu es venue faire ici ? Enfin, je veux dire... J'espère que tu n'avais pas rendez-vous ?"

Baissant sa boisson, Shams sourit d'une manière qui se voulait rassurante à Liz. La jeune fille était manifestement à l'hôpital pour une raison, et elle se sentit touchée par l'inquiétude que lui portait sa nouvelle connaissance. Autant la rassurer : Shams ne voulait pas qu'elle se fasse du mauvais sang pour elle.

"Oh, ne t'en fait pas pour ça, je ne suis pas ici pour un rendez-vous. Mon père travaille ici et il a oublié ses clés à la maison ce matin : je suis venue les lui rapporter, mais il est en réunion. J'ai largement le temps de boire quelque chose et discuter."

Elle aurait pu demander en retour ce qui amenait Liz à l'hôpital, mais elle supposait que ça avait quelque chose à voir avec son fauteuil roulant et préféra ne pas risquer de tendre l'atmosphère.

Elle prit la canette que la jeune fille lui tendit et le contact du métal glacé la rafraichit déjà un peu. Collant la canette un instant contre sa joue rougit par l'effort, elle se détendit instantanément en remerciant Shams.

"Oh, ne t'en fait pas pour ça, je ne suis pas ici pour un rendez-vous. Mon père travaille ici et il a oublié ses clés à la maison ce matin : je suis venue les lui rapporter, mais il est en réunion. J'ai largement le temps de boire quelque chose et discuter."

« Aaah, donc ton père travaille ici... Dans quelle section ? Peut-être que je l'ai déjà croisé ! »

Il y avait quelques docteurs qui semblaient pouvoir être le père de Shams, après tout, New York était un melting pot, on y trouvait de toutes les origines dans tous les métiers. Après avoir siroté quelques gorgées revigorantes de thé glacé, Liz se tourna vers elle.

« De quelle origine es-tu ? Moi, je suis galloise ! Ça fait un petit moment que je vis à New-York, mais mon pays me manque. C'est tellement différent. Tu as déjà eu l'occasion de vivre dans le pays de ton origine ?

Et voilà, Elizabeth s'était lancée dans la conversation... Il allait falloir être patiente pour pouvoir suivre son rythme !

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'Elizabeth n'avait pas peur d'engager la conversation. Bon la première question était prévisible, c'était celle qu'on lui posait dans 90% des cas lorsqu'elle mentionnait le lieu de travail de son père.

"Peut être que tu l'as déjà rencontré si tu es allée dans la section des soins dentaires, c'est le docteur Zahedi"

Les autres questions, par contre, elle s'y attendait moins : on lui demandait d'habitude où elle habitait, qu'est-ce qu'elle faisait comme études, etc. Non pas que ça la dérange, elle était prête à parler de sujets différents.

"Le pays de Galles ? C'est loin, dit donc. Enfin je peux parler, ma famille vient d'Iran, mais je n'y suis jamais allée. Je suppose que c'est plus dur quand on doit quitter son pays comme ça. C'est marrant par contre, j'ai de la famille en Angleterre. C'est pas exactement chez toi, mais c'est proche... tu as de la famille à New York , ou aux USA ?"

Liz secoua légèrement la tête. Elle ne s'était jamais rendue dans la section des soins dentaires... Elle avait eut la chance d'être née avec une dentition parfaite, donc elle n'avait pas besoin de se rendre là-bas. Toutefois, elle retint le nom "Zahedi', au cas où elle le croiseront un jour.

"Non, ma famille a emménagé ici pour le travail de ma mère, c'est plus simple pour elle que de faire des aller-retours..."

Elle garda sous silence le métier de sa mère, toujours complexée par cela, et enchaîna la conversation.

"Je ne connais pas grand chose de l'Iran... Il y a des contes intéressants à savoir ? Tu en connais quelques uns ? Ah, désolée, c'est une question un peu inhabituelle, je sais..."

Elle aurait pu demander pourquoi sa famille à elle était venue ici où s'intéresser à Shams elle-même, mais non, il a fallut que sa passion prenne le dessus... Qu'est-ce qu'elle pouvait être malpolie parfois !

"Je veux dire... Qu'est-ce que tu fais comme études ?

Aucun rapport, mais c'est pas grave, c'était déjà plus raisonnable !

Shams grimaça intérieurement en apprenant que Liz n'avait aucune famille dans le pays. Elle ne pouvait pas imaginer partir vivre loin de ses proches comme ça, dans une grande ville avec laquelle elle n'avait aucun lien. Au moins, quand elle avait déménagé, elle n'était pas allée très loin...

"Et tes amis ne te manquent pas trop ? Tu garde le contact avec eux ? "

Elizabeth parut morose, un sentiment sans doute dû à des réminiscences de sa vie au pays de Galles, et changea de sujet. Les contes iraniens ? Voilà qui était en effet inhabituel comme question, dommage qu'elle n'aie pas grand souvenir des histoires qu'on lui lisait à l'heure du coucher.

"Heu, mes parents m'en racontaient quand j'étais petite, mais je crois que j'ai tout oublié... désolée..."

Elle réfléchit un instant, et se remémora un détail important

"Oh, je suis bête ! Il y a un gros livre rempli de ces contes chez moi ! Si tu veux, je peux le scanner et t'envoyer ça par e-mail. C'est quoi ton adresse ? "

Liz hocha la tête.

« On s'envoie des mails de temps en temps... Au début c'était compliqué, je n'arrivai pas à m'habituer au paysage de New-York. C'est tellement différent du Pays de Galles... »

Elle se souvenait avoir été complètement dépaysée autour de ces grands bâtiments et de toutes ces routes. Tout était gris. Rien de vert, rien de bleu, comme si on avait volé toutes les couleurs de la ville. Sauf le soir... Le soir, quand elle voyait toutes les lumières s'illuminer à New-York, elle se disait que ça n'était pas si mal de vivre ici...

Elle sourit à Shams lorsqu'elle lui proposa de lui envoyer des images de son livre de conte. Ça lui ferait de la lecture intéressante, elle n'avait aucune raison de refuser !

« Oh, oui bien sûr, je veux bien ! Alors... Tu as de quoi noter ? »

La petite lui dicta son adresse.

« Même si c'est juste pour discuter, tu peux m'envoyer autant de mail que tu veux. On s'ennuie vite dans un hôpital ! »

Shams prit un papier qui traînait dans son sac et un stylo, puis nota consciencieusement l'adresse mail d'Elisabeth, avant d'ajouter "/!\ Scanner livre !" en dessous. Il faudrait qu'elle s'en charge rapidement, peut-être aurait-elle le temps en rentrant ?

"Et voilà, c'est noté ! Je t'enverrai ça le plus tôt possible. Et si je trouve quoi que ce soit d'intéressant en rapport avec les contes, je le mettrai dans mes mails, promis."

Un regard à sa montre l'informa que les quarante minutes étaient presque écoulées : son père serait bientôt de retour dans son bureau. Dommage, elle serait bien restée plus longtemps à discuter.

"Ah, désolée mais je vais devoir y aller. Mon père devrait retourner dans son bureau d'une minute à l'autre, et, le connaissant, si je ne vais pas le voir maintenant, il va repartir Dieu sait où... en tout cas c'était très agréable de parler avec toi !"

Sujet: Re: Au détour d'un couloir... [PV Fraus]

» Fraus ♠ Hate me with all your heart
» This is where this story begins ! [Waltz & Fraus]
» I'm walking on sunshine~ Wohoho~ [With Fraus~]
» Fraus ♠ Vous cherchez un preux chevalier pour vous protéger dans vos aventures ? Par ici !

Au détour d'un couloir... [PV Fraus]

Au détour d'un couloir... [PV Fraus]

Sujets similaires

Sujets similaires