« N'oublie jamais mon fils que ce monde est bien l'originel, car c'est dans celui-ci où tu souffriras. Alors avant que le désespoir ne s'abatte, croque dans ce carré de chocolat, il offrira des couleurs à ton monde qui n'en a plus... »

« Ma naissance ne s'est pas exactement passée comme celle qu'attendait mes parents, il faut croire que j'étais destiné aux faux départs. J'étais attendu pour Janvier, du moins après les fêtes de famille. Mes parents étaient allés célébrer Noël et le nouvel an chez mes grands-parents paternels avec ma grande sœur qui savait déjà que le père Noël n'était qu'un mensonge. Imaginez un peu la peur qu'ils ont pu avoir en voyant ma mère perdre les eaux bien loin de la Grande Bretagne, son île natale. On l'emmena dans l'hôpital le plus proche donc de Berlin et l'accouchement commença dans un stress optimal. Je naquis cependant assez rapidement et grâce à moi ma mère ne put passer le nouvel an avec son mari et Anna. Pourtant elle était heureuse d'avoir son premier fils. Elle ignorait encore que cette préférence pour ce fils allait engendrer bien des problèmes, mais pour l'instant, elle me nomma Seth, dieu du désert, probablement en antithèse avec la neige qui se déposait à l'extérieur de la clinique. Mon père vint nous voir en laissant ma grande sœur seule avec la famille. Il était vraiment soulagé de me voir en bonne santé car j'étais malgré tout un prématuré. Aussi il était fier que j'avais hérité de ses yeux à la différence de mon aînée, d'un vert beaucoup plus pure, presque émeraude. J'allais être choyé, cela paraissait inévitable. J'étais tout ce qu'il avait toujours voulu. Mais pour être autant aimé, il fallait être autant haï...

Alors nous retournâmes dans notre appartement à Londres. Mes parents n'avaient jamais été très riche avec leurs salaires d'employé, toutefois ils m'avaient emménagé la plus belle pièce pour être ma chambre. N'avaient-ils pas pensé que ma sœur serait jalouse de tant d'attentions ? Probablement pas, pour eux il était normal de gâter l'homme de la maison. Mais ce fut par cette différence de traitements que mon enfance ne serait pas si fabuleuse que l'on ne le croyait. Quand j'eus l'âge de marcher et de comprendre, ma sœur se servit de moi comme esclave. Elle me menaçait de jeter mes jouets si je ne faisais pas tout ce qu'elle me disait. De plus je devais toujours la couvrir quand elle faisait une bêtise, remettant les fautes qui n'était pas mienne sur es épaules si je ne voulais pas qu'elle me fasse mal. Le pire fut s'en doute que mes parents ne voyaient pas qu'elle me martyrisait, croyant naïvement tous ses mots et qu'on jouait ensemble comme toute fratrie. Elle était vraiment douée pour mentir et paraître être une gentille petite fille...

Heureusement, malgré tout ce que pouvait me faire porter ma sœur, je pouvais au moins de me détendre à l'école. On m'avait inscrit dans une bonne primaire, puis comme ma sœur était plus vieille, elle n'était pas là pour m'intimider d'avantage. J'étais pourtant déjà pas si différent de ce que je suis aujourd'hui. Souriant alors qu'en réalité j'avais peur qu'on me m'aime pas, n'ayant pas d'autres attaches que ses amis là. C'était le seul endroit ou je pouvais me sentir en sécurité. C'était peut-être d'ailleurs pour cela que j'étais un bon élève. J'espérais continuer cette vie tranquille et suivre mes amis au collège. Mais bien entendu, tout rêve était fait pour être détruit...

Encore une fois, ma sœur fut la coupable de cette tragédie. J'avais onze ans quand le drame se produisit. Une chambre saccagée, ainsi qu'une aînée absente. Elle venait de convaincre les parents de mettre les économies dans des actions à risque et ils avaient tout perdus. Elle avait disparu avec les fonds qu'elle avait pu vider de la carte bancaire de mes parents, connaissant le code à force de les voir le taper sur les distributeurs. Mais bien sûr ils préféraient croire que leur tendre fille y a été forcée, naïfs comme ils étaient. Mais bien entendu que non, ne savaient-ils pas qu'elle avait prévu son coup depuis longtemps? J'avais même découvert son dessein avant son exécution, mais cette fois il valait mieux que je me taise. Elle trainait vraiment avec des personnes dangereuses, je n'avais pas spécialement envie qu'on me retrouve égorgé dans la forêt... Toutefois à cause de cette mésaventures, nous dûmes déménager dans les quartiers pauvres de Londres et j'avais à changer d'école pour un établissement plus médiocre. Cette fois je n'arrivais pas à m'intégrer, ses personnes me prenaient pour un bourgeois à cause de mon vocabulaire. Je n'avais pas ses expressions qui régissaient les HLMs. Maintenant je n'avais plus d'amis, il ne me restait plus qu'à regarder par la fenêtre, espérant que peut-être je pourrais au moins être tranquille ici. Au moins on ne pouvait pas m'enlever mon identité, même si cette école m’insupportait, il fallait que je semble heureux , que j'apprécie cet univers qui n'était pas le mien. Au moins, on ne parlait plus de ma sœur qui avait détruit le peu de bonheur qui me restait...

Enfin c'était ce que je croyais avant qu'elle réapparaisse comme elle avait disparue à mes seize ans. Ce fut par la télé que nous apprîmes que ma sœur avait été arrêtée pour détournement de fonds d'une entreprise de marketing. Encore pour de l'argent. Mes parents n'attendirent pas pour aller la voir, et comme toujours Anna était égale à elle-même. Elle se fit passer pour une victime d'une machination, qu'elle ne comprenait pas du tout pourquoi on l'accusait. Bien sûr mes parent la crurent, comme toujours. J'aurai pu leur crier la vérité, ce qu'elle était réellement, mais je n'avais le courage nécessaire de m'affirmer. Après tout ils m'auraient dit que je mentais, comme à chaque fois que j'osais insinuer que ma sœur n'était pas si tendre. En plus ils me demandaient de ne pas parler de cette affaire à qui que ce soit et que si l'on me demandait, je devais qu'il y avait méprise et qu'il ne s'agissait pas de ma sœur. Ils ne voulaient pas que les voisin nous imaginâmes comme des voyous . Il ne savait pas comment cela était difficile pour moi, on n'allait pas m'arrêter de me questionner sur cette criminelle qui avait le même nom que moi. Mais je souris comme à chaque fois qu'il fallait que je fasse un sacrifice. Ma tranquillité allait disparaître, emportant la seule chose qui me rappelait que ce monde n'était peut-être pas si hostile. Le monde était injuste, il fallait se faire à cette idée.

“Alors, pourquoi ne tenterais-tu pas le grand saut ?”

“Pour qu'au final tu ne puisses plus jamais te réveiller?”

Je découvris alors donc Insomnia, le monde merveilleux rêve. Là où je n'avais pas besoin de me tenir tranquille, où je n'avais pas à rester dans les clous, où je pouvais ne pas être le fils modèle qui se pliait à la raison familiale et à la peur de perdre encore plus à chaque espoir. Ce lieu où je pouvais librement, être un adolescent qui n'avait pas forcément envie d'obéir, qui pouvait être un peu égoïste, mais surtout qui n'avait pas besoin de se cacher derrière des sourires et des politesse pour oublier qu'il n'aimait pas sa vie. Grâce à ce paradis, je pus supporter la pression du jugement de ma sœur, ses questions qu'on ne cessait de me poser, en feignant toujours l'ignorance. Finalement mon surnom que m'avait donné Insomnia m'allait comme un gant. Je valsais entre cette vie morne et décevante et les trésors du sommeil, comme avec cette personnalité renfermée et celle d'un garçon qui ne voulait que s'amuser dans le monde des mille merveilles...

Ma sœur avait été jugée coupable et elle fut emprisonnée pour normalement cinq ans. On me questionna de moins en moins, reprenant un peu ma place d'élève studieux et silencieux. Mais la réalité avait perdu ses couleurs, n'étant plus qu'un aplat monochrome à mes yeux. Ce fut à dix-sept ans que je me posais pour la première fois cette question qui marquerait un tournant dans mon existence.

« Qu'est-ce qui me retenait sur cette Terre ? »

Je n'arrivais pas à trouver la réponse, tout ce que je savais,c'était que je devais vivre ici. Mon père m'avait dit qu'Insomnia ne devait rester que l'endroit où l'on était libre, que l'on ne devait pas oublier que le véritable combat se passait ici , après l'éveil. Je ne savais pas encore que les griffes d'Insomnia se refermaient lentement sur moi, qu'il y avait toujours un prix pour avoir goûté au paradis... »

“ Bienvenue à Insomnia, là où tout tes espoirs se restaureront...

Mais que me donneras-tu en échange Waltz ?”

Lorsqu'il rouvrit les yeux, Seth comprit instantanément qu'il était bien loin de son univers. Le ciel luisait d'une teinte fantaisiste, bien plus chaleureuse que tout ce qu'il avait put rêver jadis. Un avion traversa son champ de vision, passant juste aussi de l'arc-en-ciel où il semblait apercevoir des tâches plus sombres, peut-être ces sortes de lutin irlandais qui gardaient le pot d'or de l'autre côté. Mais une question vitale s'invita dans sa tête, comme une cerise sur le gâteau. De quelle taille cette avion de papier pouvait faire pour qu'il le voit à cette distance ? Sûrement beaucoup trop pour qu'il soit viable. C'était toujours dans ses moments là qu'on se rendait compte qu'il était peut-être temps de chercher un peu plus loin que le bout de son nez. L'anglais ignorait où il était pourtant il ne s'en plaignit pas. Une partie de lui savait que la réponse viendrait à lui, alors il n'avait qu'à voir un peu les alentours avant le temps des révélations.

Il se remit sur ses pattes et il réalisa que quelque chose clochait. Déjà il se sentait beaucoup léger qu'à l'ordinaire, comme s'il avait maigri. Aussi ses ongles avaient bien changé, chacun ayant une teinte plus flashy les uns que les autres. Il se gratta sa tête, se cognant contre deux trois barrettes qu'il n'avait jamais eues jusqu'à présent. Il les enleva et les détailla ,réalisant que les modèles variaient du gâteau au smileys richement coloré. Mais se fut quand sa mèche tomba sur son œil qu'il réalisa l'ampleur de sa transformation. Il avait les cheveux roses ou verts ? A moins que ce soit du jaune ? Déjà comment on pouvait avoir autant de dégradés dans des cheveux ?Il avait besoin d'en avoir le cœur net. Il courut vers ce qui semblait être un village, mais déjà il sentait la différence. Sa course était plus fluide, bien plus énergique. Il nota que ses vêtements changeaient aussi de son uniforme scolaire ou même de ses tenue terne qu'il pouvait bien porter en temps normal. Ils étaient pétillants avec cette diversité de coloration, même ses chaussures paraissaient avoir trempées dans un arc-en-ciel. Il ne savait pas si c 'était l'ironie du sort ou bien une mauvais blague, mais en tout cas si les autres lycéens le voyaient accoutré ainsi, il lui serait difficile de paraître normal. Mais peut-être c'était ce qu'il avait toujours désiré, c'était du moins ce que lui disait cœur volait à l'allure de ses enjambées.

Ce ne fut à l'entrée du village qu'il réalisa qu'en plus de sa masse, sa taille avait diminué, à moins que cela ne n'était que les passants qui étaient plus grands. Toutes les personnes qu'il croisait étaient souvent très excentrique, encore plus que leur comportement. Il resta interdit, voyant une femme grenouille former une sculpture de verre à partir de rien, jetant à la fin de sa prestation des bonbons en forme de papillon. Le jeune garçon sauta pour en attraper un et le croqua, désireux de savoir s'il n'avait pas rêvé. Un merveilleux goût de cassis contamina sa gorge, lui faisant peindre un sourire de plaisir qu'il prenait si peu. Il remercia l'hybride d'un geste du bras, oubliant presque qu'il était âgé de bientôt dix-sept ans et que ce genre de mimique était bien ridicule, avant de repartir à la recherche d'un endroit où il pouvait se voir. Il semblait qu'ici rien les gens ne souffrait pas du syndrome de responsabilités et des sacrifices comme tous les adultes. Beaucoup jouaient dans les rues, certains parlant d'un ton moyenâgeux pour coller avec l'architecture ambiante. En tout cas, il aimait beaucoup ce qu'il voyait, comme s'il s'était retrouvé au paradis...

Comme dans un rêve...

Alors qu'il marchait dans les allées sinueuses. Il finit par trouver son reflet dans l'une des vitres de la bâtisse. Il fut surprit de se trouver si frêle et si... rayonnant. Il était une tout autre personne, pourtant il savait que c'était bien lui qu'il regardait dans le verre. Seule une de ses pupilles avait gardé cette teinte verte que son père n'hésitait pas à louanger en tant de calme. Il riait tout seul devant cette nouvelle apparence, on avait du mal à imaginer qu'il était un garçon discret et servile dans le vrai monde ! Attendez, il avait entendu parler dans sa classe d'un monde fabuleux qui correspondait à ce qu'il voyait...

Insomnia.

Alors quelqu'un tapota sur son épaule d'adolescent et il se retourna, légèrement perplexe qu'on le dérange.

« Il y a un problème ? »

Il ignorait encore que cette personne n'était pas comme tout ceux qu'il avait croisé jusqu'à présent, d'ailleurs il lui faudrait sans doute beaucoup de temps pour comprendre. Lui n'était plus des vivants . Une tâche noir dans ce monde irisé.