Un simple murmure me traverse l'esprit "Bonne nuit, Rêveur, et bienvenue à Insomnia. En espérant que vous apprécierez votre séjour"

Me revoilà dans cet étrange monde... qui me perturbe encore plus. J'ai hésité plus d'une fois, mais j'ai cédé. Et moi qui pensait revenir au même endroit... je me retrouve en plein milieu d'une petite clairière. Autour de moi, une forêt dense, mais pas excessivement. Juste suffisament pour que l'on ne puisse pas voir trop loin, mais pas assez pour lui conférer cette atmosphère de noirceur et de tension à laquelle on pense souvent. Et au milieu de la clairière, un arbre immense. Un chêne auquel je donnerais un millénaire, si ce n'est plus. Ses ramifications s'étendent tout autour, ne laissant que peu de lumière passer. La faible luminosité donne une ambiance chaleureuse et quelque peu rassurante, presque reposante. Mais je ne suis pas là pour visiter. Il faut que je retrouve l'Ombre... Ou ce mystérieux personnage qui était venu m'acceuillir. Ils avaient l'air de connaître cet endroit, et je souhaitrais en savoir plus... Mais je me doute que ce ne sera pas facile...
Je m'installe au pied du chêne géant pour réfléchir un instant. Instant qui se transforme en plusieurs minutes, puis un peu plus d'une heure, si je ne me trompe pas sur ma perception du temps. Rien ne se passe. Je commence à somnoler, me perdant dans des rêves éveillés (un rêve dans un rêve, étonnant, n'est-ce pas ?). Je pense apercevoir des ombres bouger à la lisière de la forêt, mais ça doit être mon imagination. Un frisson me parcourt cependant le corps. Quelqu'un, ou quelque chose est là, présent à quelques mètres de moi, et m'observe. Et comme un imbécile, je n'ai rien pour me défendre. Restant sur la défensive, je préfère continuer de faire semblant de dormir, attendant le bon moment.

Quel était ce corps. Pas le sien en tous cas, pas celui auquel elle avait été habituée. Pourquoi en avait t 'elle changée, Orm ne comprenait pas. D'enfant, elle était passé à l'age adulte. Toujours les mêmes cheveux, toujours la même carrure. Même son arme avait changée de forme, devenant une épée si légère qu'un temps, la jeune femme s'en sentit déséquilibrée. Elle avait juste grandit. C'était incroyable. Depuis combien de temps n'était t' elle pas allez sur insomnia ? Deux mois ? Peut être plus. Étais ce ainsi que le monde des rêves les punissaient pour leurs absences ? Non, ce n'était pas ça.

Amy ne savait pas quoi en penser, aussi décida t' elle de ne plus y songer. C'était absurde. Trop compliqué pour elle. Prenant son épée entre ses mains, elle remarqua que ce n'en était pas tous à fait une. C'était une rapière pour être exact. Le genre léger, pas du tous adapté à sa façon de combattre. La jeune femme décida de ne pas y faire attention, et commença à tracer sa route. L'avantage avec ce monde, c'est qu'elle ne ressentait pas la douleur liée à ses brûlures. Elle pouvait se déplacer librement sans que cela ne lui pose problème.

Après avoir marché depuis ce qui lui semblait être des heures, elle arriva dans un coin d'insomnia qu'elle ne connaissait pas trop. La foret bizarre. Ce bled lui fichait la chair de poule, et comme la nuit venait de tomber. Il n'en était que plus effrayant. C'était une foret hein, mais une foret en pleine nuit, c'était toujours plus stressant. Plus effrayant.  Ele vit alors une forme étrange, qui semblait ne pas bouger. Orm s’aplatit contre le sol, tentant de se faire discrète. Une bête sauvage, il ne manquait plus que ça. Si cette chose la voyait, elle la dévorerait certainement. À moins que ne soit elle qui fasse le premier pas. Serrant de toutes ses forces sa nouvelle arme, elle approcha. Puis, quand elle fut sure de ne pas le rater, elle hurla comme une démente tous en courant vers lui. Si avec ça il ne fuyait pas la queue entre les jambes.

De prime abord, je suis surpris. Au lieu d'un monstre, d'une bête sauvage, de brigands, ou d'autres idioties de ce genre, je vois surgir une jeune fille me fonçant dessus, telle une dératée, avec en main, une rapière.
Plusieurs pensées me traversèrent rapidement l'esprit : de un... une jeune fille, ici ? En plein milieu de nulle part, et dans mon rêve ? Que se passait-il ?
Deuxièmement, et sans doute à cause de ma formation quasi-militaire en tout art de combat, je ne peux m'empêcher de rire intérieurement en la voyant agir ainsi.
Troisièmement, pourquoi me fonce-t-elle dessus ?...
Alors que ces pensées fusaient, je me relevais, et d'un seul mouvement, comme si j'en avais toujours eu l'habitude, je dégainais l'épée qui pendait à mon flan. Je cueillis la jeune fille au moment qui me semblait le plus opportun, envoyant voler sa lame et la faisant trébucher.
Cependant, je m'assurais qu'elle ne tomba pas sur une surface dure. L'instant d'après, je me penchais sur elle, ma lame au-dessus de sa gorge.

"Qui êtes-vous ? Êtes vous réelle ? Ou juste une vision de mon esprit ? Connaissez-vous l'Ombre ? Répondez. Maintenant. Je ne suis pas ce que l'on appelle patient."

J'essayais de garder un ton neutre, même s'il devait lui sembler très froid. Je ne préfèrais pas prendre de risque... Même si je devais l'avouer... elle ne m'inquiétais pas beaucoup. Mais... elle avait un charme mystérieux...
Je reprenais le fil de mes pensées, autant ces idées de ma tête aussi rapidement que possible. Et je pressais doucement la pointe de ma lame contre sa peau...

La forme n'était pas un monstre. C'était un homme. Merde. Orm voulu reculer, mais son corps avait prit trop d'élan, elle fonçait inexorablement sur lui. Un cri resta coincé dans sa gorge. Mais elle n' ut pas le temps de s’inquiéter, car déjà, il tirait lui aussi son épée. D'un seul mouvement, il la désarma. Et au moment ou elle allait tomber en arrière, l'inconnu la rattrapa. Tirant sur son col, et pointant sa lame sur sa gorge. Et dire qu'elle l'avait prit pour un humain, il ressemblait tellement à un animal. Il pourrait la tuer d'un simple geste, même si c'était interdit. À ce moment, la jeune femme sentit tous les poils de son corps se hérisser.

Qui êtes-vous ? Êtes vous réelle ? Ou juste une vision de mon esprit ? Connaissez-vous l'Ombre ? Répondez. Maintenant. Je ne suis pas ce que l'on appelle patient."

Elle ouvrit grands ses yeux. Quel goujat. La jeune femme fit apparaître une masse conséquente d' eau au dessus d'eux. Profitant de la surprise de son agresseur, elle se dégagea prestement et fit apparaître une douzaine de peluches armées jusqu'aux dents. Pas pour l'attaquer, mais pour le garder à distance. Car après tous, la matérialisation n'était pas faites pour faire du mal aux autres. Le contre coup fut rude, et Orm manqua de défaillir par son effort. Se tenant à un arbre elle respira pendant quelques instant avec difficulté. Sure que le type ne l'approcherait pas pour le moment, elle s'autorisa à lui répondre.

- Je suis réelle bien sur ! Je m'appelle Orm, et vous ?

Elle s'assit par terre et continua à le regarder. Étrange que son corps soit épuisé par un si petit effort. Ce devait être comme le sport. Elle avait perdue son endurance.

- Vous n'avez pas le droit de me tuer. Vous iriez dans le sombre Insomnia.

Autant le fait d'avoir affaire à une apparente débutante amatrice en escrime m'amusait, autant les tours de passe-passe qui suivirent me dérangèrent. D'abord, la douche froide n'améliora pas mon humeur. Mais je du reconnaitre que c'était un moyen plutôt efficace de me faire lâcher prise. Quoique je me demande comment elle a pu faire.
Ce qui m'étonna plus, et me convainc de me montrer plus... amical, fut l'illusion (je suppose que c'en était une) de ces peluches. Habituellement câlines et gentilles, celles-ci, sans se montrer ouvertement hostiles, n'inspiraient guère confiance. Je plantais mon arme dans le sol, reprenant mes esprits, puis la fixant du regard. Elle avait l'air mal en point. J'avais peut être été trop violent ? Après tout, on dit souvent que notre force est décuplée dans les mondes de ce genre. Je l'observais alors qu'elle s'appuyait contre un arbre. Puis elle me répondit :

"Je suis réelle bien sur ! Je m'appelle Orm, et vous ?"

Orm ? Quel nom étrange... toutefois... si ce que m'avait dit le mystérieux personnage était vrai, le mien est... Tyekanik. Plus qu'étrange. Il faudrait que je m'y intéresse. Les questions et recherches à faire plus tard commençaient à s'empiler dans mon esprit. Cette sensation, sans être désagréable, commençait à devenir gênante.

"Je... m'appelle Tyekanik... et... v... vous allez bien ?... je ne vous ai pas... blessée ?..."

Elle s'assit par terre, même si cela ressemblait plus à s'effondrer. Je me retins de me précipiter, me rappellant de la présence des "illusions" (qui me semblaient maintenant plus que réelles...). Elle avait l'air d'être épuisée. Ca ne pouvait sûrement pas être ma faute... mais quoi, alors ?...

"Vous n'avez pas le droit de me tuer. Vous iriez dans le sombre Insomnia."

La tuer ? Je n'y avais même pas penser... Je ne suis pas du genre à executer un inconnu. Encore moins une jeune fille. Tant que je n'ai pas de contrats, du moins... Et... de quoi parlait-elle ? Sombre Insomnia ?

"T... Vous tuez ?... Mais... pourquoi ferais-je ça ?... Vous m'avez juste... surpris. Quoiqu'avec cette habileté à l'épée... je n'ai rien à craindre !"

Je souris d'un air un peu moqueur. Puis, je repris.

"Excusez moi... mais... où... où sommes nous ?... Qu'est-ce que c'est, ici ? Et... si ce n'est indiscret... comment faites vous ces... tours de magies ? L'eau et les peluches ?"

Je décidais de m'installer par terre aussi, m'asseyant en tailleur, sans perdre de vue les peluches et évidemment, la jeune fille.

"Je... m'appelle Tyekanik... et... v... vous allez bien ?... je ne vous ai pas... blessée ?..."

Elle fit non de la tête. Puis le regarda, il semblait transit de froid lui aussi. Il était vrai que l'eau était glacée. Elle aurait peut être du l'imaginer un peu plus chaude. Maintenant, elle se sentait coupable. Cet homme ne semblait pas être un mauvais bougre. Tyekanik, cela lui faisait penser à Titanic. Comme le bateau. Un nom marrant.

"T... Vous tuez ?... Mais... pourquoi ferais-je ça ?... Vous m'avez juste... surpris. Quoiqu'avec cette habileté à l'épée... je n'ai rien à craindre !"
Elle lui jeta un regard assassin, pourquoi devait t' il en rajouter une couche ? Enfin, il ne semblait pas si méchant, c'était déjà ça. Et puis, au moindre signe de violence, elle pourrait s'enfuir. Autant lui donner une chance.

"Excusez moi... mais... où... où sommes nous ?... Qu'est-ce que c'est, ici ? Et... si ce n'est indiscret... comment faites vous ces... tours de magies ? L'eau et les peluches ?"

Orm le regarda, puis fit disparaître d'un claquement de doigt les peluches. Il cherchait ses mots, semblait hésitant. Tous le contraire d'elle en fait. La jeune femme entendit ses jambes au sol et posa ses mains dans l'herbe. Mais en fait, elle préférait s'allonger. Cette discutions risquait de prendre un bon moment. Changeant de position, elle s'entendit au sol. L'eau sur ses habits lui donnait un peu froid, mais elle s'évertua à l'ignorer. Comme tous le reste, ils allaient sécher.

Insomnia c'est le monde des rêves, beaucoup de gens sont réunis ici … de toute nationalités. C'est un phénomène planétaire, il y a même des MMORPG qui l'ont pour thème.

Elle leva la main au dessus de sa tête et fit apparaître une petite flamme dans sa paume.

- Ça, c'est la matérialisation. Un truc qui te permet de créer moyennant ton énergie, ce que tu veux … sauf les êtres vivants. Ta pas le droit de l'utiliser pour faire du mal aux autres, c'est interdit. Ya des règles ici, si tu les ignores, tu va dans une sorte de prison. Une prison qui en rend fous beaucoup ...

A peine m'étais-je installé par terre qu'elle fit disparaître les peluches. D'instinct, je savais qu'elle pourrait les faire revenir aussi rapidement, devrait-elle en avoir besoin. Une menace présente mais invisible est parfois le meilleur moyen de contrôler une situation. Je pensais constamment à comment m'échapper de la situation ou prendre l'avantage sur elle, signe que j'étais mal à l'aise. J'essayais de respirer plus lentement et de calmer mon esprit, tout en l'observant se tortiller avant de s'allonger. Je remarquai qu'elle était encore trempée, comme moi, et que sans vraiment y faire attention, j'avais un peu froid. Pas que ça me dérangeai plus que ça, mais c'était ennuyeux.

"Insomnia c'est le monde des rêves, beaucoup de gens sont réunis ici … de toute nationalités. C'est un phénomène planétaire, il y a même des MMORPG qui l'ont pour thème."

Beaucoup de gens ? Mais comment se faisait-il qu'elle soit la première que je rencontrais ? Coup du hasard ? Rencontre fortuite ou planifiée ? En avait-elle fait exprès ? J'étais méfiant, sans aucune vraie raison. Si ce n'est qu'elle semblait en savoir plus que moi. Et je n'aimais pas ça.

"Ça, c'est la matérialisation. Un truc qui te permet de créer moyennant ton énergie, ce que tu veux … sauf les êtres vivants. Ta pas le droit de l'utiliser pour faire du mal aux autres, c'est interdit. Ya des règles ici, si tu les ignores, tu va dans une sorte de prison. Une prison qui en rend fous beaucoup ..."

La matérialisation... Penser à quelque chose, et le faire apparaître, basiquement ? Cela éclairait quelques propos de l'Ombre. Et aussi pourquoi elle avait eu l'air épuisé... Cette quantité de nounours avait du utiliser beaucoup de son énergie.
De plus, le fait qu'elle confirme mes soupçons quand au fait de ne pas pouvoir faire du mal aux autres me réconforta. Elle aurait pu faire bien pire que me tremper dans ce cas.
Des règles ? Oui, je me rappellais vaguement de ça, même si, inconsciemment, je savais que je les respecterais. Et si jamais je ne le faisais pas... j'irais un prison ? Une prison qui rend fou ? Etrange. Mais bon, elle était plus au courant que moi. Et je ne pouvais pas me permettre de gâcher ma potentielle première alliée... ou amie, peut être, de ce nouveau monde.

"Et sinon... qu'est-ce que tu peux faire d'autre ? Je ne sais pas, du genre... voler ? Ou encore... créer de la nourriture ? Et est-ce que tu peux utiliser ce pouvoir dans..."

Je fus incapable de finir ma phrase. Une des règles me revint en mémoire, concernant le fait de parler du monde réel ici, à Insomnia. En effet, j'avais oublié. J'y penserais la prochaine fois. S'il y a une prochaine fois, et que je ne me retrouve pas directement dans cette prison.

"Dis moi... tu es là depuis longtemps ? Tu as l'air de t'y connaitre... Et pour une jeune fille qui à l'air de faire deux fois moins que mon âge... je trouve ça plutôt étonnant."

Encore une fois, et sans y faire attention, mon ton caustique habituel reprenait le dessus. J'espérais ne pas la vexer... auquel cas, il me faudrait un moyen de la convaincre de ma bonne volonté.

[Attention, virage à 180 degrès iminent :P, attention au gros bill, je sais que certains pourraient être tentés, alors voila, je préviens XXD Non c'est pas contre vous, mais il y à peu, j'ai jouer avec l'un d'entre eux sur un autre fofo, et ça tue le rp  =) Alors je ne veut pas de prince charmand de la mort qui tue, qui sans se faire blesser, arrive à nous faire des combos de chocs et à tuer les ennemis d'un claquement de doigts. Merci =)]

"Et sinon... qu'est-ce que tu peux faire d'autre ? Je ne sais pas, du genre... voler ? Ou encore... créer de la nourriture ? Et est-ce que tu peux utiliser ce pouvoir dans..."

Orm éteignit la flamme dans sa paume. Et fit tomber son bras le long de son corps.

Tu peut faire tous ce que tu veut, mais plus c'est lourd, plus c'est dur à créer. Tu voit, on maîtrise plus ou moins bien ce pouvoir, selon qu'on soit ouvert ou pas à insomnia... Si t'est pas réceptif, ya des chances que tu puisse jamais créer des trucs. Si t'est trop réaliste en gros.

Elle, elle avait adaptée son esprit, raison pour laquelle la matérialisation n'était plus un problème. Son cœur avait prit goût au surnaturel, et son imaginaire, elle le cultivait maintenant avec ferveur.

"Dis moi... tu es là depuis longtemps ? Tu as l'air de t'y connaitre... Et pour une jeune fille qui à l'air de faire deux fois moins que mon âge... je trouve ça plutôt étonnant."

La jeune femme soupira bruyamment. Il fallait vraiment lui apprendre toutes les bases. Et en plus, il n'était même pas agréable, alors qu'elle faisait l'effort de lui consacrer du temps. Une part d'elle même eu soudain l' envie de le planter la sans plus de cérémonie. Mais une autre lui rappela que Tyekanik débarquait, c'était normal d'être un peu perdu. Elle même l'avait été. Enfin, à ce qu'elle s'en rappelait. Il fallait être gentil avec les nouveaux. Gentils …

Tu sait … l'apparence ne veut rien dire. T'est tu regardé dans un miroir ? Tu n'a pas le même visage. Ici, ta la tronche de ce que tu est vraiment. Je pourrais bien avoir quatre vingt dix ans, ou même quarante. Et pourtant, j'ai l'air d'en avoir dix sept. Tous ce passe dans ta tête.

Orm se leva et lui tendit la main. Un sourire aux lèvres

Et si on bougeait, ya pas beaucoup d'action ici.

Voyant qu'il la regardait drôlement, elle perdit son sourire et regarda ses habits, intriguée. Elle remarqua alors trois choses. Ses habits étaient toujours aussi trempés, ils étaient blancs, et avec l'eau, on pouvait voir au travers. Devenant rouge comme une pivoine, elle le gifla. Se retournant prestement, elle commença à marcher dans la foret. Cherchant à mettre le plus de distance possible entre elle et ce mufle. Alors la, c'était le pompon. Quel butor, un grossier personnage. Orm était énervée. Indignée, consternée. Voyant son épée à terre, elle fit un détour pour la reprendre. Si il tentait de l'approcher, elle l'embrocherait, ou du moins, elle tenterait.

Un centaure lui barra soudain la route. Un centaure ? La jeune femme fit trois pas en arrière et brandit son arme. Prête à l'attaque, oubliant momentanément qu'elle était trempé. Elle n'était pas peureuse, mais il en imposait quand même vachement. Il tapait dans les combien. Deux mètres trente, deux mètres cinquante ? Contre toute attente, celui ci hurla comme une vierge effarouchée et s'approcha d'elle comme si elle était un monstre de foire.

Votre visage … bon sang ... c'est épouvantable …

Orm baissa son arme. Son visage, elle avait quoi sur le visage ? Ici aussi elle avait un visage défiguré ? Ici aussi, le feu lui avait volé son apparence ? Prise de panique elle tomba à terre. Se le palpa le corps, cherchant quelque chose qui devrait normalement y être. Mais elle ne trouva rien. Intriguée, elle attendit qu'il continue... qu'elle était cette arnaque ?

Je peut te tutoyer ? Alors voilà, je vais pas y aller par quatre chemins … ce crayon ne va pas à tes yeux. Tu devrait utiliser un trait plus gros, pour leurs donner plus de relief. Ils ne sont pas petits, mais tu devrais les mettre en valeur. Ils sont tellement ma-gni-fique. Et ton fond de teint … c'est trop pale, il ne va pas avec ton teint - Il posa un doigt sur sa bouche et prit un air sérieux – ma chérie, il faut tous recommencer, viens avec moi, Carl, Teddy et moi, on va arranger ça.

Carl, Teddy et moi ? Alors qu'elle allait protester, la jeune femme se sentit soulevée de terre. Le centaure la prit tel un sac à patate et commença à s'enfoncer dans la foret. Orm hurla, tambourinant contre son dos. L’inconvénient des rêves, c'était que tous, ou presque, pouvait s'y dérouler. Au bon sang... elle était dans de beaux draps.

Je devais vraiment l'ennuyer et l'embêter, vu la manière dont elle réagissait. Certes, je n'avais pas beaucoup de tact, mais qui, dans ma situation, en aurait eu ? Je me retrouvais au milieu d'un endroit inconnu, sans aucun repère et moyen de s'intégrer. Et il fallait forcément que je tombe sur une jeune fille, qui plus est qui semblait merveilleusement s'entendre avec ce monde.

"Tu sait … l'apparence ne veut rien dire. T'est tu regardé dans un miroir ? Tu n'a pas le même visage. Ici, ta la tronche de ce que tu est vraiment. Je pourrais bien avoir quatre vingt dix ans, ou même quarante. Et pourtant, j'ai l'air d'en avoir dix sept. Tous ce passe dans ta tête."

Dans un mirroir ? Non, je ne crois pas. Mais mon corps n'était pas le même, ça, oui, je pouvais le sentir. Et si tout cela se passait dans la tête, cela voulait dire qu'on pouvait changer son apparence à volonté, non ?... Avant que je lui pose cette question, elle se releva et s'approcha de moi, me tendant sa main.

"Et si on bougeait, ya pas beaucoup d'action ici."

J'en profitais pour l'observer un peu plus, n'ayant pas vraiment eu l'occasion, vu qu'elle se comportait un peu en sauvageonne. Quoique cela n'était pas forcément ennuyeux, je ne voulais pas m'imposer à elle. Et si jamais elle pouvait me guider pour mes premiers pas, et me laisser partir... ce serait d'autant mieux.
Je remarquais alors que, toujours trempés, ses vêtements étaient relativement transparents. Je ne pense pas que ce fut volontaire. La couleur que pris son visage et la giffle qui suivit me le confirmèrent. Elle se détourna de moi, et d'un pas colérique s'en alla sans plus de procès, récupérant son épée au passage. Qu'avais-je fait de mal ? Je veux dire, j'étais aussi trempé... Et c'était sa propre faute, dans ce cas.

"Hey ! Où vas-tu ? Me laisse pas seul ici, je sais pas par où aller !"

Elle ne m'entendit pas, ou m'ignora, continuant son chemin. Je devais vraiment l'avoir blessée. Je restais seul au milieu de la clairière, debout et perplexe. Par où pouvait elle être aller ?... Je l'avais bien vu pénètrer dans la forêt, mais... on ne voyait pas très loin, et la nuit qui était tombée il y a quelques moments n'aidait pas.
Je ne bougeais toujours pas, et les quelques secondes devinrent minutes. Je me décidais finalement de partir à sa recherche, pour lui présenter mes excuses et essayer de repartir du bon pied. J'avais vraiment de la chance, sur ce coup là. Et je commençais à avoir mal à la tête...
Je commençais à marcher dans le bois, de manière mal aisée. Il était plus touffu et moins praticable que je ne le pensais, et tout les 2-3 pas, je devais me battre contre un buisson récalcitrant ou enjamber une souche. J'essayais de voir par où elle avait bien pu partir, mais contrairement à ce que je pensais, traquer quelqu'un en pleine nuit dans un bois est difficile. Je m'enfonçais de plus en plus dans l'obscurité. C'est alors que j'entendis un cri. Son cri. Orm venait de me donner un indice précieux, qui me permettrait de l'aider. En même temps que je dégainais mon arme et que je començais à me frayer un chemin au pas de course et en tailladant, mon esprit bouillonait d'activité. Pourquoi avait-elle hurlé ? Que c'était-il passé ? Etait-elle en danger ? A cause de moi ? Je n'étais pas vraiment proche d'elle, ni vraiment attaché. Mais une jeune fille en danger, et qui plus est la seule personne que je connaissais approximativement dans ce monde... il ne fallait pas qu'il lui arrive du mal.

"Orm ! Orm ? Orm... ORM ?! Où es-tu ?!"

Je m'époumonais tout en courant, remarquant que mon endurance physique semblait la même, voire meilleure que dans la réalité, malgré mon gabarit réduit. Je débouchais peu de temps après sur un sentier, sans doute emprunté par des animaux de bonne taille. Et je découvrais la rapière d'Orm au sol. Certes, ses pouvoirs de matérialisation étaient sans doute bien plus redoutable, mais il me semblait qu'elle tenait à avoir une arme. J'observais le sol, à la recherche d'un indice, qui aurait pu m'expliquer pouquoi elle l'avait abandonnée.
De profondes marques dans le sol attirèrent mon regard. Cela ressemblait à des traces de sabots, mais démesurées. Un cheval gigantesque ? Ou autre chose ? Quoiqu'il en soit, je récupérais l'épée de la jeune fille, la glissant à ma ceinture, et me mis à suivre le chemin maintenant tout tracé par ce que je supposais être un animal, qui ne devait pas s'ennuyer d'être suivi ou reperé, vu les traces de passages qui parsemait le chemin.

"Faites qu'il ne lui soit rien arriver, je m'en voudrais toute ma vie autrement..."

Des pensées de plus en plus horribles quant à son sort me traversaient l'esprit. Je redoublais ma cadence, et m'envolais presque du sol. Quel étrange sentiment de liberté et de légerté. Cependant, je n'eu pas le loisir de m'émerveiller. J'entendais des bruits de voix devant, et j'apercevais une ombre impressionnante. Je m'arrêtais net, et me camouflait dans les feuillages, tentant de mieux distinguer la scène. Il me semblait qu'Orm était avec cette étrange bestiole, installée sur son dos. Mais le peu de lumière ne m'aidait pas. Je décidais de les suivre discrétement, et s'il le fallait, de prendre des mesures contre l'apparent assaillant de la jeune fille. D'un pas félin, et tout en gardant une bonne distance et en prenant garde à ne pas faire craquer de branches, je filais l'étrange monture.

L'étrange centaure la déposa doucement à terre, puis siffla entre ses doigts. Presque aussitôt, un faune, et ce qui ressemblait à un des arbres du seigneur des anneaux apparurent. Le premier se promenait avec un sac à la mode, et jetait des regards anxieux autours de lui. Comme s'il venait de commettre un effroyable méfait, le second semblait plus détendu. Plus cool. Comme si il avait fumé quelque chose de répréhensible. Au bon sang, dans quoi s' était t' elle encore fourrée.

Bon, Caaaaarl, prête moi ta trousse à maquillage.

Le faune recula d'un pas, indigné. Serrant encore plus son sac contre son cœur. Hurlant d'une petite voix aiguë qu'il en était hors de question. Ils commencèrent alors un débat animé sur l' importance de lui donner une nouvelle apparence. La discutions faillit plus d'une fois se finir en bagarre, la jeune femme remarqua qu'en dépit de leurs manières, ils pouvaient se montrer assez violents. Il fallait qu'elle trouve une solution pour se sortir de ce mauvais pas. Mais comment ? Son épée, le centaure la lui avait arrachée. La matérialisation ? Non. Ici, la chasse était interdite. Leurs faire du mal était répréhensible. Il ne restait plus que la fuite. Elle n'aimait pas cela. Mais maintenant qu'elle n'avait plus sa lourde épée, l'ancienne, celle qui était lourde et in- maniable, elle ne pouvait rien faire d'autre q' observer.

Orm recula doucement d'un pas. Puis de deux. Peu à peu, elle gagna le couvert des arbres. Dix mètres plus loin, ils se rendirent comptes de sa disparition. Elle commença à courir. Ses cheveux se prenaient dans les branchages, ses habits étaient retenus par les buissons.Ses belles chaussures à talons se coloraient de marron, sa couronne pencha dangereusement vers la gauche, peu à peu, la princesse se transformait en souillon. Mais elle s'en fichait. Poussée par l'adrénaline, elle continuait sa course. Elle se sentait presque pousser des ailes.

Il fallait qu'elle se cache. Mais ou. Dans un arbre ? Bonne idée. Sans se soucier le moins du monde de sa tenue, elle commença son ascension. Ses habits trempés la faisait glisser, mais sa détermination était inébranlable.

Je regardais la scène d'un oeil intrigué, voyant pour la première fois clairement. Un centaure... bête mythique et réputée d'une grande intelligence et force, celui-ci avait l'air... bien loin de ce que je pensais. Et après lui, un faune, qui avait l'air de ne pas être très partageur, serrant contre lui un petit sac, et même lorsque le centaure lui demanda, ne la lâcha pas, et un ent. Un ent. Les arbres vivants. Quelle apparence majestueuse... Malheureusement ruinée par son comportement, qui semblait identique à celui d'un junky, à mon regard. Quoiqu'il en soit, le centaure avait déposé Orm. Lorsque les 3 créatures commencèrent à discuter, je fis quelques pas en avant, et avec quelques grands signes et petits bruits, j'essayai d'attirer l'attention de la jeune fille. Cependant, elle semblait fixée sur l'étrange groupe, leur discussion devenant de plus en plus violente, voire ponctuer de chamailleries. Je me rembrunis et reparti me cacher dans les buissons, faisant lentement le tour de la bande hétéroclite, essayant de me rapprocher de celle que j'avais acceptée comme une amie.

Puis, je la vis reculer lentement, pour retourner dans le bois. C'était ma chance ! J'essayais de me précipiter de la manière la plus discrète possible vers elle, pour avoir une chance de l'intercepter, et s'il fallait, de l'aider. Cependant, à peine était elle rentrée dans la végétation que je la perdis de vue. Et ce n'est qu'après quelques secondes, le moment où les trois joyeux personnages (qui me semblaient plus ridicules que dangeureux, maintenant) virent qu'elle n'était plus là, décidèrent de la poursuivre, que je l'aperçu, courant à toute vitesse à travers la forêt.

J'avais à peine récupéré de ma précédente course, et il fallait déjà que je recommence ! Tant pis, cela faisait aussi partie du jeu. Je me relevais, et me postant entre elle et les créatures, je me mis à la poursuivre. Elle semblait avoir du mal, et ses vêtements ne semblaient pas l'aider. Quelle idée d'avoir une robe et des talons en forêt ! Je la rattrapais peu à peu, quand soudain elle s'arrêta, et chercha du regard quelque chose. Elle trouva ce quelque chose en la présence d'un arbre qu'elle commença tant bien que mal à grimper, glissant souvent et ne trouvant pas de prises. J'entendais le groupe m'arriver derrière, ne prenant aucune peine de se camoufler.

Avant même de finir ma réflexion, qui en était au point où je me disais qu'il fallait que j'aide Orm à monter, et me cacher moi même, mon corps se mit à bouger de lui seul.
Règle importante d'un voleur : si jamais on se fait poursuivre, deux choix. 1, se cacher, 2, l'effet de surprise. Le deuxième choix l'emporta, apparemment, et je courais vers les bêtes. Cependant, je ne pouvais les blesser. Je ne me l'autorisais pas, et cela aurait pu virer à bien pire, si elles s'énervaient. Mais je n'avais aucun moyen de les immobiliser. Alors, une idée me vint à l'esprit.

Je m'arrêtais, bien sur leur chemin, et me postais, droit, les attendant. Quelques secondes plus tard, ils débouchaient, et me dévisageaient. Les conciliabules qu'ils tinrent devaient sans doute porter sur qui j'étais. Cependant, un filet d'acier leur tomba dessus à peine un instant plus tard, et des piques en fer vinrent le maintenir au sol. Ils se retrouvèrent compresser les uns aux autres, mais au moins, neutralisés.

Je me retournais pour chercher Orm du regard, qui semblait avoir grimper seulement quelques mètres sur l'arbre.

"Orm ! Tu peux redescendre ! Hey... ! Oooorm ! C'est bon, ils ne te feront plus de mal, tu peux ven-..."

J'eu à peine le temps de la voir se retourner et me remarquer avant de m'effondrer au sol, un migraine fulgurante me prenant et perdant peu à peu conscience, essayant de m'aggriper à ce que je pouvais. J'étais mis à terre par un ennemi invisible... imprévu... ou alors... le filet ? Non... Mes yeux se fermèrent.

Un immense filet vint soudain emprisonner ses assaillants. Qui avait imaginer un truc aussi conséquent ? C'était impressionnant. La réponse ne se fit pas attendre, car au pied de son arbre, elle vit soudain Tyekanik. Il était revenu pour elle. Mignon ? Non, certainement pas. Maintenant elle lui en devait une. Orm commença à descendre de son arbre, il semblait un peu palot.

"Orm ! Tu peux redescendre ! Hey... ! Oooorm ! C'est bon, ils ne te feront plus de mal, tu peux ven-..."

Elle se retourna, pour le voir tomber à terre. Oh bon sang. Elle accéléra sa descente, ne faisant plus aussi attention aux dernières branches de l'arbre. Pourraient t' elle supporter son poids ? Allaient t' elle la faire glisser ? Maintenant, la jeune femme ne s'en préoccupait plus. La seule pensée d'un Tyekanik gisant sur le sol occupait son esprit.

Tombant à son coté, Orm retira quelques mèches de son front collant. Bon ça allait, il semblait juste tombé en panne d'énergie. Elle posa sa main dessus, et constata qu'il était brûlant. Il fallait le déplacer. Car un champs de bataille n'est pas un lieu approprié pour guérir. Dans quelques minutes, il irait déjà mieux, mais le trio de la mort allait peut être réussir à se dégager du filet. Et puis même si ils n'y arrivaient pas, leurs grognements étaient apeurant. Orm ne voulait pas s'attarder ici. Mais après cette course, elle ne se sentait vraiment pas d'utiliser son énergie en matérialisation. Aussi, elle commença à chercher par le relever. En vain. Soupirant, elle se résigna à le gifler. À titre purement amical bien sur, pour le réveiller.

«  réveille toi Tye, faut qu'on parte. Tye. Putain mais tu va répondre, oui ! »

Elle ponctua le dernier mot d'une claque particulièrement forte. Le voyant lentement immerger, elle se sentit enfin soulagée.

«  C'est pas trop tôt ! Tu m'a fait bien peur »

Foutue créature. Non mais de qui se moque-t-on! Les actes criminels ne sont-ils pas sensés être interdits sur Insomnia? Bon, certes, un simple vol n'est pas à la hauteur d'un vil meurtre. Mais quand même. Je n’appréciais pas du tout qu'on me ridiculise ainsi. Comme la plupart des gens normalement constitués, je suppose, mais ceci est une autre histoire. Et en attendant, aucun de ces mystérieux guides ne semblaient vouloir me venir en aide, je m'étais donc résignée à faire régner justice moi-même sur cette affaire, avec un résultat plutôt mitigé pour le moment.

Le fuyard, plus habitué au déplacement en forêt que moi, avait disparu de mon champ de vision depuis un certain temps déjà. Heureusement, il n'avait pas été particulièrement discret, et j'étais donc capable de continuer à le suivre à la trace, ce qui me donnait une plaisante impression d'être devenue un pisteur fin et perspicace, ce qui ne risquait pas de m'arriver tout les jours.

Un mouvement quelques mètres plus loin m'arrachai les yeux du sentier: quelqu'un ou quelque chose venait de traverser devant moi. En espérant que ce soit celui que je traquais, je me lançai à sa poursuite, et l'interpellai avec la conviction la plus grande possible:

"Hey! Vous, là-bas! Arrêtez vous, je vous l'ordonne!"

Malheureusement, cela ne fut pas assez convainquant pour la silhouette qui m'ignora royalement et reprit sa course. Je fis donc de même, et finis par m’arrêter en débouchant dans une clairière, sur un étrange tableau.

Devant moi, un (ou plusieurs, à en juger par les éclats de voix qui parvenaient jusqu'à moi) arbre s'agitait, étendu au sol, tentant de se libérer d'un filet. Oui, un arbre. Cloué au sol par un filet. Outre l'étrangeté de la situation, la présence d'un ent sur Insomnia me dérangeait légèrement. La première explication était que l'un des rêveurs qui arpentaient ce monde était suffisamment bizarre pour que son avatar soit un arbre. La deuxième laissait supposer que des créatures inhumaines habitaient Insomnia, eux aussi. Jusqu'ici, je n'avais croisé que d'autres rêveurs, arrivés de la même façon que moi; et je n'aimais pas trop l'idée que nous ne soyons pas seuls.

Derrière ce tas informe, une jeune femme était occupée à martyriser un homme, en lui administrant des gifles et en lui sommant de répondre à quelque chose. Elle n'avait peut-être pas remarqué qu'il était inconscient.

Espérant attirer l'attention de l'un ou l'autre des groupes qui pourraient me renseigner sur la direction prise par le voleur, je toussotai.

Une sensation de brûlure sur ma joue me fit reprendre connaissance, et à peine eus-je ouvert les yeux que j'aperçu Orm au-dessus de moi.

"C'est pas trop tôt ! Tu m'a fait bien peur"

Apparemment, c'était elle qui venait de me... au regard de sa position, me giffler avec autant de force que possible. Sympathique, comme réveil. Je me retins de lui lancer un regard noir, pour ne pas faire pire, et me pris la tête entre les mains. Je me relevais lentement, observant la scène, toujours le cerveau en pagaille, et avec une sensation d'épuisement important. Que c'était-il passé ?

"Orm... enfin... j'ai eu peur pour toi, un moment. Combien de temps je suis resté... comme ça ? Et plus important : dans quel pétrin t'es-tu fourrée ?..."

Regardant autour de moi, n'osant pas la regarder, de peur de me reprendre une autre giffle, au vu des ses vêtements déchirés, et pour ne pas lui montrer que je n'avais pas vraiment apprécier sa manière de procéder, j'aperçu une jeune fille, derrière le filet (que j'avais matérialisé plus tôt. Il n'avait donc pas disparu), qui semblait tenter de nous interpeler.
Ignorant Orm un instant, je m'approchais d'elle et l'apostrophait :

"Hey ! Qui êtes vous ? Et que faites-vous ici ? Ce sont vos amis, les bestioles sous le filet ? Tenez les en laisse, la prochaine fois !"

Elle s'approchait de moi, et Orm arrivait dans mon dos. Je ne savais pas quelle attitude adopter. La colère contre Orm ? La peur de sa réaction face au fait que je l'avais ignorée et notamment ses mises en gardes ? Ou la réaction de l'étrangère, qui semblait aussi perdue que moi ?
J'observais la nouvelle venue, attendant sa réponse.

Il reprit connaissance, et leva enfin les yeux. Malheureusement, pas dans sa direction, il devait lui en vouloir. Mais bon, en même temps, elle n'avait pas eu le choix. C'était ça ou le laisser en plant. Remarquant la position dans lequel elle avait procédé sa tentative de réanimation, Orm sentit ses joues rougir. Elle était à califourchon sur lui. Se retirant prestement, elle se releva et détourna les yeux. Ce qui, au final, ne changea pas grand chose, car Tyekanik s'éloigna sans demander son reste. Ce qui commença à l'énerver. Ah ouais, il l'ignorait, après ce qu'elle avait fait pour lui ? Super ! Puis elle remarqua la tronche de ses habits. Et comprit pourquoi il s'était éloigné précipitamment. Toute colère envolée, elle matérialisa un grand manteau pour lui couvrir les épaules. Auparavant, elle n’avait jamais eu à cacher quoi que ce soit. Marrant comme son nouveau corps pouvait lui faire ressentir de nouvelles choses. Gênée par cette situation, elle allait se résoudre à se suicider discrètement quand des bruits de voix attirèrent son attention.

"Hey ! Qui êtes vous ? Et que faites-vous ici ? Ce sont vos amis, les bestioles sous le filet ? Tenez les en laisse, la prochaine fois !"

Orm rappliqua sans discuter. Arrivant derrière lui, elle pouvait alors remarquer une jeune femme. Tye semblait s'énerver. Oulaaa. Il y avait méprise.

Qui pourrait avoir de pareils amis ? Ils vivent reclus dans la foret ! Ce sont des fées de ce monde. Des pnj en d'autres mots. Et comme créer des êtres vivants est impossible... Elle est innocente, lâche lui un peu la grappe Tye.

Encore gênée, Orm sentit une immense lassitude peu à peu l'envahir. Rabattant les pans de son manteau, elle dépassa son ami, et alla directement à la rencontre de la nouvelle venue.

- Je suis Orm. Et toi ?

L'homme émergea lentement, et se remit sur pied avec un sens d'équilibre qui laissait encore à désirer. Comme un comédien qui avait jusque-là joué un rôle, il changea totalement d'attitude lorsqu'il finit par m'apercevoir: il reprit de l'assurance et fronça les sourcils. Tout en restant derrière le tas informe et remuant, il avança vers moi.

"Hey ! Qui êtes vous ? Et que faites-vous ici ? Ce sont vos amis, les bestioles sous le filet ? Tenez les en laisse, la prochaine fois !"

Ah. Visiblement, il y avait un malentendu. L'homme ayant l'air assez contrarié, je levai mes mains, paumes ouvertes vers lui pour lui montrer que je ne représentai aucun danger. Sur Insomnia, ce geste n'avait pas beaucoup de sens la matérialisation étant bien plus efficace que n'importe quelle arme. Mais qu'importe, l'intention y était.

"Il y a méprise. Je n'ai jamais rencontré aucun de ces personnages. je cherchais quelqu'un."

J’espérais au moins que ce soit la vérité; en fait, je n'avais pas encore réussi à distinguer les visages -si ils en avaient- des êtres capturés; mais de l'autre coté, on ne croisait pas de pareilles créatures tout les jours, et je m'en serais certainement souvenue.

La jeune fille qui l'accompagnait s'approcha aussi, rougissante, portant un manteau que je n'avais pas remarqué quelques secondes auparavant.

Qui pourrait avoir de pareils amis ? Ils vivent reclus dans la foret ! Ce sont des fées de ce monde. Des pnj en d'autres mots. Et comme créer des êtres vivants est impossible... Elle est innocente, lâche lui un peu la grappe Tye.

Contournant son compagnon d'un air légèrement ennuyée, elle vint se mettre face à moi pour m'adresser la parole.

- Je suis Orm. Et toi ?

J'offris un sourire à l'inconnue, heureuse de son soutien.

"Mon nom ici est Oone, ravie de faire votre connaissance. Et vous êtes...?"

Je me tournais vers le second personnage, un sourire toujours collé sur le visage, tentant de le convaincre de mes bonnes, où du moins de mes non mauvaises intentions.

Apparemment, j'avais encore fait le mauvais choix. Orm me passa à coté, allant au devant de la nouvelle venue et l'accueillant. Apparemment, elle n'avait rien à voir avec ces créatures. Tant mieux. J'en avais un peu marre d'être toujours confronté à de la tension dans ce monde. J'avais besoin d'un café. Et d'une pause.

"Mon nom ici est Oone, ravie de faire votre connaissance. Et vous êtes...?"

Je l'observais, la dévisageant d'une manière, qui, je le savais, était impolie. Mais je n'étais pas d'humeur à prendre des pincettes. Et pourtant, je retrouvais très vite mon visage habituel et mon calme apparent, essayant de paraître plus accueillant.

"Tyekanik. Tyek pour faire courir. Enchanté de te connaitre aussi. Désolé de t'avoir... agressée. On va dire que mon réveil ne m'a pas forcément... mis en joie"

Je regardais Orm qui évitait mon regard, rouge pivoine et cachant du mieux qu'elle pouvait ses vêtements en miettes avec le grand manteau qu'elle avait sûrement matérialisé. Je m'approchais d'elle et approchant ma bouche de son oreille, lui sussurait :

"Tu es sûre qu'elle n'est pas dangeureuse ? Je compte sur toi s'il y a un problème avec de la matérialisation... tu vois ce que ça m'a fait..."

Je m'écartais de la jeune fille, n'attendant pas sa réaction, que j'imaginais entre la colère et la gêne, et allais contempler le filet avec les bêtes toujours coincées dedans. Elles étaient étrangement calmes, comme éteintes ou mortes.

"Mesdemoiselles ? Je vous propose de vous installer. On a quelques petites choses à discuter. Notamment avec ces curieux personnages."

Je ponctuais cette phrase en plantant mon épée dans le sol devant moi, et en m'asseyant en tailleur. D'ailleurs, j'avais toujours la rapière d'Orm à la taille. Elle ne l'avait sans doute pas remarquée.
Je fermais les yeux, me plongeant dans mes pensées, cherchant quelle question poser en premier. Je n'entendis pas les jeunes femmes approcher.

"Tyekanik. Tyek pour faire courir. Enchanté de te connaitre aussi. Désolé de t'avoir... agressée. On va dire que mon réveil ne m'a pas forcément... mis en joie"

Orm baissa les yeux au sol. Honteuse. Puis sursauta quand il lui glissa furtivement à l'oreille ses mots brut de décoffrage.

"Tu es sûre qu'elle n'est pas dangeureuse ? Je compte sur toi s'il y a un problème avec de la matérialisation... tu vois ce que ça m'a fait..."

Bah oui, prend moi pour ta bonniche pendant que tu y est. Elle faillit soupirer, se retenant juste à temps. Il avait raison. Parfaitement raison. Des deux, elle semblait être celle qui maîtrisait le mieux la matérialisation. Mais il s'éloigna, reprenant sa place de départ.

"Mesdemoiselles ? Je vous propose de vous installer. On a quelques petites choses à discuter. Notamment avec ces curieux personnages."

Puis il s'assit sans plus de cérémonie par terre. Loin de le suivre, Orm s'approcha des trois créatures. Qui semblaient étrangement calmes. Elles ne réagissaient pas à ses paroles. Passant un bras dans le filet, elle les trouva froides. Comme des pierres. Aucun pouls n'était perceptible à leurs jugulaire. Inquiétée, elle se tourna vers les deux autres personnages.

Hey ! Ils sont aussi froids que de la pierre !

À ce moment, une vielle femme sortit des fourrés. Encore une nouvelle venue ? Ils étaient légion cette nuit. Cette harpie encapuchonnée ne lui disait rien qui vaille. Elle ressemblait à une sorcière de conte de fées. Quand elle prit la parole, Orm remarqua que sa voix était rocailleuse. Presque animale.

Tu veut une pomme ?

Puis elle lui tendit un fruit rouge vif. Le genre pomme d'amour, mais sans sucre. La voyant s 'impatienter, la jeune femme s'en saisie. Au moment ou il entra en contact avec ses mains. Orm remarqua à quel point la vielle femme était belle. A quel point elle semblait intelligente. Lui faire confiance. Mais oui bien sur. Elle lui confierait sa vie même, si le pouvait. Cette femme était son idole. Plus que ça, elle l'aimait. Oui, elle l'aimait. D'un amour profond et sincère.

Cette pomme… te donnera le pouvoir d'un des numéros d'insomnia. Va tu le goûter mon enfant ? Va tu toucher au fruit défendu ? Les autres chercherons à te le voler. Ils te détestent, te jalouses. Tu tient entre les mains ce qu'ils désirent le plus. Prend garde mon enfant … prend garde...

Puis elle disparue dans un nuage de fumée. De fumée ? Cette femme était trop géniale ! Son fruit devait l'être tous autant. Orm l'approcha lentement de ses lèvres. Elle avait hâte d'obtenir ce pouvoir si fabuleux.

L'homme scruta mon visage pendant un moment, puis daigna finalement lâcher son nom, reprenant un air neutre.

"Tyekanik. Tyek pour faire courir. Enchanté de te connaitre aussi. Désolé de t'avoir... agressée. On va dire que mon réveil ne m'a pas forcément... mis en joie"

Avec un air entendu, son regard dériva vers Orm, qui l'évita, gênée. Sans se démonter, il s'approcha d'elle et lui glissa quelques mots à l'oreille, qu'elle n'eut pas l'air d’apprécier. Moi-même, je n’appréciais pas beaucoup d'être tenue à l'écart ainsi. Le temps que je me rapproche pour tenter de saisir leur dialogue, l'épéiste s'éloigna. Il planta son épée dans le sol et examina les créatures.

"Mesdemoiselles ? Je vous propose de vous installer. On a quelques petites choses à discuter. Notamment avec ces curieux personnages."

Orm fit tout son possible pour le rejoindre en laissant le plus de distance possible entre eux. Elle aussi porta son attention sur les capturés, et les toucha à travers le filet, fronçant les sourcils.

Hey ! Ils sont aussi froids que de la pierre !

Je les rejoignit, formant un cercle autour du filet. Soudain, Orm leva les yeux.

[color:6c49=#rreedd]Tu veut une pomme ?

Je suivis son regard, mais je ne vis pas ce qu'elle voyait. Le visage d'Orm s'était éclairé: un air béat sur le visage, elle contemplait une pomme qu'elle tenait à deux mains, comme si elle avait peur que le fruit tombe. Consternée, je jetai un coup d’œil à Tyekanik: les yeux fermés, il semblait ne rien avoir remarqué. Je fronçai les sourcils.

Qui a parlé?

"Qui a parlé ?"

Parler ? Oone avait entendu quelqu'un parler ? Je n'avais rien remarqué. J'ouvrais les yeux, et observais autour de moi. Trois choses me frappèrent.
Premièrement, les créatures devant moi commençaient à tomber en poussières. Ce n'était absolument pas normal, même si je ne connaissais pas Insomnia. Ils étaient en pleine forme quelques minutes plus tôt.
Deuxièmement, Orm se tenait immobile, lui tournant le dos, et tenant quelque chose en main. Cela attirait toute son attention. Je me demandais ce que c'étais, et je décidais de la rejoindre.
Troisièmement, Oone devait avoir eu le même réflexe que moi, car elle se précipitait vers Orm, et semblait un peu affolée.
Je m'approchais d'elle, et lui posais la main sur l'épaule.

"Orm ? Ca va ? Que se passe-t-il ? Qu'est-ce que tu... ?"

Elle tenait fermement une pomme pourrie, ne voulant pas la lâcher et n'ayant pas l'air de nous remarquer. Cependant, quand cela arriva, elle nous repoussa. Je manquais de tomber, et elle s'écartait brusquement de nous, sur la défensive.

"Hey ! Ca va pas la tête !? Pourquoi tu fais ça ? Cette pomme est si importante que ça ? Peux-tu me la donner, que je l'examine, s'il te plait ?"

Je m'approchais à nouveau, mais elle devenait agressive. Je me reculais de nouveau, complétement perdu. Que pouvait-il donc se passer chez elle ? Je me tournais vers Oone, qui semblait être aussi perplexe que moi, et je me mettais à chercher une solution au problème qui se présentait à nous.

"Orm ? Tu tient quoi entre les mains, c'est précieux, on peux le vendre ? "

Tyekanik posa sa main sur son épaule. Quoi ? Vendre cette pomme ? Et puis quoi encore ! Retirant sa paume de son épaule, elle le repoussa violemment, avant de reculer de plusieurs pas.

"Hey ! Ca va pas la tête !? Pourquoi tu fais ça ? Cette pomme est si importante que ça ? Peux-tu me la donner, que je l'examine, s'il te plait ? Non ? Et bah tant pis, je vais te la prendre de force ! "

Il tentait de s'approcher, mais la jeune femme était sur la défensive. Cette pomme était précieuse. Trop pour être confiée à de telle mains.

- Ne m'approche pas. Je sais que tu veut me voler ma pomme. Tu veut me la voler. Me la VOLER

Son mentor ne lui avait t' il pas conseillée de la manger d'ailleurs? Elle allait tous de suite la goûter. Matérialisant un immense podium, elle ne se rendit pas compte que cet effort l'avait épuisée. Pale et tremblante, elle grimpa les escaliers, le sourire aux lèvres, tous en haut. Des ronces se formèrent a son pied. Empêchant quiconque de la suivre. Dans son délire, elle voyait maintenant des créatures magiques qui l'acclamaient.

Reine ! Reine ! Manger la pomme ô reine. Rejoignez nous

Elle se voyait parée des plus beaux habits. Dans un miroir fictif, elle contemplait son teint. Il n'avait jamais été aussi beau. Son délire l'amenait à penser que son macabre podium était un château blanc.

- Mes fidèles sujets. Je vais manger cette pomme, avant que les ennemis ne nous la vole. Acclamez moi! Oui, aimés moi !

Je rejoins rapidement Orm. Dans mon dos, je perçus Tyekanik se relever et faire de même. Il posa une main protectrice sur son épaule.

"Orm ? Ca va ? Que se passe-t-il ? Qu'est-ce que tu... ?"

Sentant le contact, elle se dégagea rapidement, repoussant Tyek, un air affolée sur le visage.

"Hey ! Ca va pas la tête !? Pourquoi tu fais ça ? Cette pomme est si importante que ça ? Peux-tu me la donner, que je l'examine, s'il te plait ?"

- Ne m'approche pas. Je sais que tu veut me voler ma pomme. Tu veut me la voler. Me la VOLER

Tentant de nous échapper, elle matérialisa soudain une grande pyramide dont elle entreprit l'escalade. Des ronces apparurent derrière son passage, de sorte qu'on ne puisse pas la suivre. A quoi jouait-elle? J'échangeai un regard perplexe avec Tyekanik, qui ne semblait pas comprendre plus que moi ce qui se passait.

Orm, nous ignorant toujours, avait atteint le sommet de sa création. Elle laissa tomber son manteau et leva la pomme vers le ciel.

- Mes fidèles sujets. Je vais manger cette pomme, avant que les ennemis ne nous la vole. Acclamez moi! Oui, aimés moi !

A qui parlait-elle? Était-elle en train de réanimer les créatures de pierre? Était-elle d'ailleurs celle qui les avait crées? Elle était de plus arrivée avec l’épéiste. Lui aussi était-il sur le coup? Je lui jetai un coup d’œil, il semblait aussi perdu que moi.

Pour rattraper Orm, je matérialisai une grande planche basique qui recouvrit les ronces. Un peu chancelante suite à cet effort, je fis signe à Tyekanik de passer devant, le temps que je retrouve mes esprits.

Orm matérialisa un grand escalier blanc, et le grimpa à toute vitesse, s'échappant. J'essayais de la suivre, mais des ronces poussèrent juste après son passage. Pas les petites ronces que vous voyez en campagne, non non. Les gros buissons de ronces impénétrables, et qui transforme la peau en charpie. Hésitant, j'attendis de voir ce qu'il se passait, décidant que, s'il le fallait, je traverserais.

"Mes fidèles sujets. Je vais manger cette pomme, avant que les ennemis ne nous la vole. Acclamez moi! Oui, aimés moi !"

Elle devait avoir complétement perdu la raison. Il n'y avait plus personne ici, à part nous trois. Les créatures de pierres se désagrégeait lentement, et elle semblait parler à des personnes ou des choses l'entourant. Il fallait que je l'aide, et rapidement. Heureusement, Oone eu une idée de génie. Elle matérialisa une planche qui paraissait un peu vermoulue, mais suffisament solide pour nous laisser passer, au-dessus des ronces. Je la regardais, la remerciant d'un rapide hochement de tête et me précipitais.
Orm portait maintenant la pomme à sa bouche, et elle semblait ne pas avoir remarqué ma présence. J'étais encore trop loin... 15 marches... 10 marches... Elle ouvrait la bouche, dans un grand sourire béat et se préparait à commettre l'irréparable. Je bondis, matérialisant un ressort sous mes pieds pour me propulser en avant.

"Orm ! Arrête immédiatement ! Ne. fait. pas. ça ! Tu vas le regretter..."

Je l'attrapais en plein vol, la fauchant et parvenant momentanément à lui faire quitter la pomme de la main. Elle tombait au sol, juste en dessous de nous. D'ailleurs, nous tombions au sol aussi. Je n'y avais pas pensé, mais nous étions en haut d'une estrade... et une chute d'une quinzaine de mètres ne fait jamais du bien. Je me retournais, regardant toujours Orm et la tenant fermement, de façon à amortir notre chute, et je matérialisais un matelas de plumes en-dessous de nous. Je m'écrasais dessus mollement, mon souffle coupé, mais au moins, sain et sauf avec la jeune femme.

"Orm ? Que se passe-t-il ? Pourquoi tu te comportes ainsi ? C'est la pomme, c'est ça ? Arrête, s'il te plait..."

Je me retournais et me mettais à califourchon sur elle, la fixant du regard. Mon esprit commençait à s'embrumer et ma vision se troublait. La matérialisation commençait à demander son du. Juste un peu plus longtemps... juste le temps de retrouver l'Orm que je connaissais depuis peu...

"Orm ! Arrête immédiatement ! Ne. fait. pas. ça ! Tu vas le regretter..."


Orm se retrouva fauchée par Tyekanik. Il essayait de prendre sa pomme, mais celle ci tombait, inexorablement, vers le bas. Comme eux deux en fait. Le moment de l'impact ne fut étrangement pas celui du réveil. Un étrange matelas de plumes était apparus sous eux. Grondant comme une bête sauvage, elle tenta d'approcher sa pomme. Qui avait roulée un peu plus loin. Mais Tyekanik lui agrippa les deux bras, et se posta sur elle. De façon à ce qu'elle ne puisse plus se déplacer.

"Orm ? Que se passe-t-il ? Pourquoi tu te comportes ainsi ? C'est la pomme, c'est ça ? Arrête, s'il te plait..."

Elle le griffa, le mordit, le gifla. Lui hurlant de la lâcher, de la laisser en paix. Elle voulait manger sa pomme, mais cet homme était trop fort pour elle. Matérialisant les ronces du podium, celle ci grandirent d'un coup et commencèrent à les attaquer. Elle même en était la cible, mais dans son délire, elle ne le remarquait pas.

À moi ! Mes fidèles sujets !

[Court et nul et désolé]

Tyekanik me remercia d'un mouvement de tête et s'élança à la poursuite de la jeune fille. Juste avant qu'elle ne goute à la pomme -ce qui ne présageait rien de bon-, il se jeta sur elle, les faisant tomber tout deux au bas du piédestal.

"Orm ! Arrête immédiatement ! Ne. fait. pas. ça ! Tu vas le regretter..."

Je retins mon souffle. Bien qu'une simple création par matérialisation, le piédestal était relativement haut, et une mauvaise chute ne ferait pas que du bien, et même si je savais que nous étions sur Insomnia, mon anxiété avait du mal à battre en retraite. Je fis donc rapidement le tour du monument.

Je les retrouvai, toujours actifs dans le monde des rêves, sains et saufs. L'un d'eux -l’épéiste je suppose, Orm ne semblant pas en parfaite maitrise de ses moyens- avait matérialise un matelas à l'endroit de l'impact. L'homme sur le dessus, il tenait les poignets de la jeune femme qui se débattait furieusement et tentait de le frapper.

"Orm ? Que se passe-t-il ? Pourquoi tu te comportes ainsi ? C'est la pomme, c'est ça ? Arrête, s'il te plait..."

La pomme, où était-elle, d'ailleurs? La cherchant du regard, je finis par la découvrir à quelques mètres du point de chute du duo. Je la ramassai, histoire de la mettre hors de portée d'Orm, et la tournai dans mes mains. Elle ne semblait rien avoir de particulier.

À moi ! Mes fidèles sujets !

Je me retournai, et me projetai au sol, évitant d'un cheveu une branche de ronce qui fonçait sur moi. Allons donc, c'était encore Orm? Me demandant où elle trouvait l'énergie de faire tout cela, je matérialisai du feu pour détruire les ronces. Sentant la pomme toujours dans ma main, je me demandai si je ne ferai pas mieux de la jeter dans les flammes aussi.