Né d'une famille riche et influente, je n'ai jamais connu le besoin. J'ai toujours tout possédé à ma disposition, qu'il s'agisse des capacités intellectuelles (bon, ok, rien à voir avec l'aisance financière), des divers loisirs ou désirs que je pouvais avoir, et des amours. Cette époque que certains considérerait comme "bénie" dura pendant un temps assez long. Peu de temps avant ma majorité, mon père décéda dans des circonstances mystérieuses, et ma mère disparu sans laisser de traces. Seules restaient ma jeune soeur et moi même. Le capital de mon père fut vite récupéré par ses subordonnés, ne me laissant que le pécule qu'il m'avait directement légué. Il était cependant suffisant pour envoyer l'un de nous à l'étranger finir ses études et vivre une vie confortable dans une famille d'accueil. Le choix ne fut bien évidemment pas long, et j'emmenais donc ma soeur de 8 ans aux Etats-Unis, dans une famille de Chicago en qui j'ai très vite eu confiance et confié le reste de l'argent. Ils s'inquiètèrent cependant pour moi lorsque je décidais de m'engager sur les routes, afin de développer mes capacités qui désormais devraient être bien plus terres à terres. Ainsi, en tant que hobo, je découvris toutes les ficelles du métier de pickpocket. Et je me construis ainsi un réseau étendu au continent.
Un jour, un homme en costume sombre m'approcha en pleine rue, et me confia une carte de visite. Il me demanda aussi de lui rendre son porte-feuille (on ne peut affronter son conditionnement). J'appelais le lendemain, un peu méfiant, mais j'étais intrigué. C'est ainsi que je rejoignis l'AEGIS, l'Agence d'Elite des Gardes Intercontinentaux de Sûreté. Un gros mot dit comme ça, mais je devins basiquement un mercenaire obéissant au plus offrant. J'appris ainsi d'autres ficelles d'un métier plus violent et dangeureux que ce que je n'avais jamais vécu. Quelques années plus tard, et avec quelques collègues avec qui j'étais très lié, notamment une jeune femme dynamique et plutôt belle, je le reconnais, nous décidâmes de quitter l'AEGIS et de nous lancer en freelance sur le marché des mercenaires, avec une solide réputation en poche, et le fait que nous acceptions tout les boulots, même les pires. De plus, on nous connu bientôt dans l'Underground pour notre efficacité et notre propreté, nous apportant quelques contrats de vols et autres délits. Je continue désormais cette vie, mais je me demande de plus en plus si j'ai raison ou non, mes souvenirs et les missions difficiles me pesant sur l'esprit.
Pendant toutes ces années, et encore aujourd'hui, ma soeur, désormais majeure, était persuadée que j'étais un honnête fonctionnaire travaillant dans les bureaux. Je ne pense pas que je pourrais jamais lui dire la vérité. Mais j'ai besoin de cet argent, maintenant que toute trace de mon père est effacé. De plus, je n'ai toujours pas retrouvé les assassins de mon père, autre raison pour laquelle je prend autant de risques. Ma vie ne m'appartient plus, et je n'existe plus que pour Estellise et pour la vengeance.

J'étais pourtant sûr d'être rentré... Je marchais dans la rue, alors que quelques minutes plus tôt, je me trouvais dans l'escalier menant à mon appartement de New York, fraîchement débarqué de ma dernière mission en Océanie, et ayant passé une soirée au bar. Je m'étais allongé dans mon lit, et... là, ça devenait trouble. J'étais nu, un peu éméché, et dans une ville qui vivait la nuit... je me retrouvais maintenant habillé de vêtements étranges (comme ces cosplayers, vous savez ?), en plus milieu de nulle part, avec juste du vide autour de moi. Et j'avais l'esprit clair comme de l'eau de roche. Et puis... cette lumière qui m'entourait... elle n'était pas naturelle. Je n'avais jamais vu ça. Comme si c'était moi qui éclairait la scène. Et d'un coup, je me retrouvais dans une salle remplie de portes, comme un grand couloir d'école. Et au milieu, une ombre, qui semblait me faire signe de la suivre. Hésitant, je décidais quand même de tenter ma chance. J'ai un peu oublié la suite, cependant... mais quelques passages restent clairs. Premièrement, j'ai vu une multitude de paysages... plus que tout ce que l'on pourrait observer ici sur Terre. Deuxièmement, l'ombre avait une "voix" suave et douce, qui s'infiltrait en moi, comme si elle me transmettait des pensées. Et à chaque fois qu'elle me montrait une nouvelle chose, elle me disait que tout cela était désormais pour moi. Pas dans le sens de posséder. Mais dans le sens d'y accéder. D'avoir le pouvoir de revenir. Et enfin, elle m'a laissée (je me suis réveillé à ce moment) sur des paroles mystérieuses... Si jamais je trouvais le moyen... tout mes désirs deviendraient réalité... Je me retrouvais dans mon lit, à réfléchir au sens de ces mots. Et plus d'une nuit depuis, j'y repense. Je n'arrive plus à me rendormir. Je ne veux pas gâcher un passage dans ce "rêve"... Peut être dormirais-je ce soir ?