Amy déambulait souvent dans les couloirs, poussée par une infirmière. Son esprit, vidé de toutes pensées, refusait d'admettre ce que les policiers s'étaient évertués à lui expliquer. Son père était mort. Sa maison avait brûlée. Elle venait de se réveiller, après deux mois de comas, et se retrouvait avec un corps mutilé. Clouée sur un fauteuil roulant, elle n'avait qu'une envie, bouger ses bras et ses jambes. Marcher, courir, se lever et partir. Mais s'était impossible. Chaque fois qu'elle osait en déplacer un, une douleur lancinante irradiait son corps. La jeune femme ne pouvait même pas serrer les dents pour s’empêcher d' hurler. Son visage ayant lui aussi été blésé. Couverte de bandages, elle ressemblait plus à une momie qu'à une personne blessée. A chaque fois qu'elle allait voir son psy, les regards curieux se tournaient vers elle. Qui était cette étrange personne couverte de bandages ? Ce ne devait pas être quelque chose de commun. Son infirmière tiquait, elle ne la jugeait bien sur pas apte à se déplacer ainsi. Mais ce n'était pas comme si elle avait vraiment le choix. Sa chambre d’hôpital était effrayante. Elle la détestait. Les séances de rééducations n'auraient pourtant pas lieux avant qu'elle soit rétablie. Amy se retrouvait donc avec beaucoup de temps libre. Et un panel d'idées noires à chasser. La jeune femme cherchait à occuper son temps, pour tenter d'oublier. Ce qui venait de lui arriver était beaucoup trop horrible. Rien que dit penser, les larmes lui montaient aux yeux. Alors elle tentait de fuir, de penser à d'autres choses. Et regarder la télévision n'arrivait pas à la divertir.

L'infirmière la laissa dans seule dans sa chambre. Dans son lit, à moitié allongée, les couvertures rabattues sur ses jambes. Seul le bruit de la télévision rompait le silence de mort qui régnait dans cette pièce. Elle était seule avec ses pensées. À la tête d'une immense fortune, elle devait décider de ce qu'elle allait faire du Bronx Zoo. Cela faisait une semaine maintenant, et pourtant, elle n'arrivait toujours pas à y croire. Elle refusait d'y croire. Qu'allait t' elle faire ? Le garder... Monseigneur était mort. S'occuper d'animaux, elle n'en aurait peut être plus jamais le cœur. Au moment ou elle allait se dire que c'était bien trop vide, et que l'ambiance était encore plus glauque que dans sa chambre. Une personne rentra.

Shams foulait une fois de plus le sol des couloirs de l'hôpital, cette fois pour rendre visite à Elizabeth. La jeune fille ayant trouvé un livre de contes iraniens lors d'une brocante la semaine précédente, elle avait décidé de l'apporter à son amie en rentrant chez elle. Cependant, elle n'était plus sûre du numéro de chambre ni de l'étage où elle devait se rendre, et par conséquent arpentait les couloirs.une porte au numéro familier attira cependant son attention. Etait-ce l'endroit qu'elle cherchait ? oui, il lui semblait que c'était l'endroit dont lui avait parlé Elizabeth.et puis au pire, elle se serait trompée de pièce et n'aurait qu'à s'excuser. Le bruit d'une télévision s'échappait à travers la porte lui indiquant qu'il y avait bien quelqu'un à l'intérieur. Rassemblant son courage, elle abaissa la clanche et entra.

Il y avait bien quelqu'un mais ce n'était absolument pas son amie. Shams était sur le point de s'excuser platement avant de ressortir, mais ses mots moururent dans sa gorge quand son regard se posa sur l'occupant du lit. Ou était-ce une femme ? Difficile de dire avec tous les bandages dans lesquels la personne était emmaillotée. Finalement, après plusieurs secondes d'intense silence, elle parvint à bafouiller un "D-désolée, je... me suis trompée... de- de chambre..."