J'ai froid.
C'est cette sensation désagréable qui me réveille. Je sens la chaleur quitter mon corps lentement, absorbée par la surface dure et plane sous mon dos. Ça non plus, ça ne m'aide pas à dormir. Où est donc passé ce foutu matelas? Jamais là quand on a besoin de lui. Dans l'espoir de le repérer, j’entrouvre mes yeux Pour les refermer aussitôt, aveuglée par la lumière. Bleu. Bleu. Tout est trop bleu. Un sourire vient étirer mes lèvres alors que je comprend enfin où je suis. Insomnia...

Je me redresse et regarde autour de moi, oubliant l'absence d'un matelas. De toute façon, qui voudrait rester stupidement allongé alors qu'il y a tant de choses à voir? Ce monde n'a pas besoin de matelas. Même si un sol un peu plus confortable ne serait pas du luxe. Enfin, si, mais nous sommes tout de même sur Insomnia, alors si nous ne pouvons même plus rêver d'un peu mieux, où va le monde?

M'interroger sur la destination du monde n'est pas une si mauvaise idée, au final. C'est ce que je conclus en observant les alentours. La populasse brille par son absence. J'ai eut l'habitude de partager cet univers avec une foule fourmillante de jeunes ou vieux excentriques la plupart du temps particulièrement bruyants. Et aujourd'hui, seule une petite quinzaine de silhouettes vont et viennent sur les quais, d'habitude assez fréquentés du fait de leur position centrale aux autres lieux. Cela dit, un peu de calme n'est pas de trop. Enfin, je crois. Ou peut-être pas. Plus j'y pense, et plus le silence pesait sur moi. A vrai dire, ce vide est assez perturbant; et puis, Insomnia n'est pas fait pour être visité seul.

Bon, de toute façon, y penser ne changera pas la situation. Les êtres vivants sont parmi les rares choses qu'il semble incapable de matérialiser. Chassant ces idées stupides de mon esprit, je me lève habilement et m'approche du bord, à la recherche d'une destination.