Deux jours s’étaient écoulés depuis ma rencontre avec Elisabeth, ces deux jours m’ont paru interminables. Je n’avais pas arrêté une seconde, entre les rendez-vous, les dîners et le vernissage d’une galerie d’art, je n’avais pas chaumé. Je sais qu’il y a des métiers beaucoup plus fatigants que le mien, et que je ne suis pas à plaindre mais j’étais quand même épuisé. Et oui, héritier d’une entreprise multinationale est un boulot à plein temps, éreintant et aux nombreuses responsabilités. J’avais souvent rêvé que je faisais un autre métier, dans un autre pays mais dans un sens, mon métier me convenait et parfois, je l’aimais bien.

J’étais donc heureux, d’avoir une pause, une journée rien qu’à moi. Je décidais de la commencer en traînant dans mon lit, profitant du calme et des rayons de soleil qui venait me chatouiller le visage. Je ne savais pas trop ce que j’allais faire aujourd’hui mais une chose était sûre, je devais revoir Elisabeth. Durant ces deux jours, j’avais pensé à elle tout le temps à chaque instant. Je n’arrivais à enlever son visage de mes pensées, même lorsque je me concentrais sur mon travail. Plus que tout, je souhaitais la rendre heureuse. Il y avait quelque chose en moi qui me poussait vers elle, qui m’incitait à la voir, la protéger. Je ne me l’expliquais pas, je ne le comprenais pas mais je me laissais guider par ce besoin.

Voulant lui faire une surprise, je décidais d’aller dans une vieille librairie que l’on m’avait conseillée. Je savais que je pouvais y trouver des livres d’autres époques, des livres rares, insolites. L’intérieur de la boutique me fit penser à la bibliothèque d’Oxford où j’avais passé de nombreuses heures. Je parcourais les allées, émerveillé par les richesses littéraires de ce lieu. Je trouvais finalement mon bonheur, un livre de contes des îles britanniques ayant plus d’un siècle, une pure merveille. J’avais la première partie de ma surprise ! L’autre partie, je la trouvais non loin de l’hôpital, une crêperie traditionnelle. Elle ne faisait pas de plats à emporter, je fis donc marcher mon nom et mon argent ; pour ressortir avec plusieurs galettes sarrasines. Je ne connaissais pas les goûts d’Elisabeth, j’en avais donc pris des différentes, peut-être un peu trop pour deux personnes.

En franchissant l’entrée de l’hôpital où elle vivait, j’avais avec moi deux cadeaux qui allaient lui faire plaisir ; enfin, je l’espérais de tout cœur. Je mis les infirmières du service au courant de ma visite et je leur demandais de ne pas amener de plateau repas dans la chambre 305. Quand je fus devant la porte de cette fameuse chambre, je restais plusieurs minutes planté là sans bouger. J’étais anxieux, mal à l’aise, je me posais beaucoup de questions. Comment allait-elle réagir en me voyant ? Serait-elle contente ou l’inverse ? Je respirais lentement, apaisant mon esprit en ébullition. Je ne pouvais pas rester devant cette porte éternellement. Je pris donc mon courage à deux mains et frapper à la porte. Je n’entendis pas de réponse, j’ouvris donc la porte doucement de peur qu’elle soit en train de dormir. Je passais timidement ma tête par l’ouverture pour voir et signaler ma présence.

Je reçu un accueil chaleureux et enjoué de la part de la jeune fille, cela était bien au-dessus de mes espérances. Elle semblait aller mieux que la dernière fois, on ne serait deviner qu’elle était malade et passait ses journées dans un hôpital. Elle était la joie et l’innocence à l’état pur, que la vie n’avait pas encore effritée. Sa voix douce et mélodieuse réchauffa mon cœur, j’avais eu si peur qu’elle ne veuille pas me revoir. Elle me pressa de la rejoindre à coté du lit, intriguée par ce que j’avais dans les bras, elle posa plein de questions sans pouvoir une réponse de ma part. Je ris un peu, surtout quand elle se rendit compte elle-même du flot de paroles dont elle m’avait accueillit.

C’est avec un gros sourire que je m’assis sur la chaise attenante du lit blanc. Je lui tendis doucement mon précieux cadeau sans un bruit. Aucune parole n’était nécessaire, il me semblait inutile de lui dire que c’était pour elle et ce qu’il contenait. Je souhaitais qu’elle découvre les trésors de cet ouvrage par elle-même. Personne ne réagit pareil face à tel ou tel conte, je ne voulais pas influencer sa lecture. Je me souvenais de longues discussions avec Gabriel sur nos lectures, nous étions tellement passionnés qu’il nous arrivait nous disputer pour notre point de vue. Rien de bien méchant bien sûr !

Après plusieurs minutes, mon estomac se rappela à mon bon souvenir, j’avais totalement oublié de prendre un petit déjeuner. Je regardais penaud Élisabeth, elle avait dut entendre les gémissements de mon ventre. Ça ne lui était jamais arriver au boulot, à une réunion importante mais aujourd’hui devant une jeune fille, son corps décidait pour lui.

« J’espère que tu as faim ! déclarais-je en sortant du plastique des petites boîtes renfermant chacune une galette. Dis-moi que tu aimes ce plat ? Sinon, je peux aller chercher autre chose. »

Un mélange d’odeur enivrait désormais la pièce, en fermant les yeux il était impossible de deviner que l’on se trouvait dans une chambre d’hôpital. C’était une belle journée, il faisait beau et j’étais une personne avec exceptionnelle. J’ouvris une des boîtes au hasard, coupé un petit morceau avec les couverts que m’avait fournir le restaurant. En mettant ma main en dessous de la fourchette, je l’approchais Élisabeth pour qu’elle puisse goûter. J’avais un peu soufflé dessus de peur qu’il soit trop chaud et qu’elle se brûle les lèvres.